Sensible

Comme chaque début d’année, Christ Seul se fait patchwork avec la chronique de nos assemblées. Le thème de ce numéro, « Rendre ensemble un culte à Dieu avec nos sensibilités différentes », est une problématique qui a émergé lors de la rencontre des Anciens, Prédicateurs et Diacres du 1er mai dernier. Un certain nombre de participants ont fait part des difficultés à prendre en compte les différentes sensibilités présentes dans leurs Églises pour proposer un culte dans lequel chacun se retrouve.

En effet, alors que, pour les autres activités de l’Église, les membres se regroupent par âge, centre d’intérêt, affinités… le culte est LE moment où tout le monde – toutes les générations – est réuni. C’est une belle image du peuple de Dieu dans sa diversité,
mais c’est aussi un défi. Est-ce une question récente dans les assemblées ? Probablement pas, il y a toujours eu différentes sensibilités dans l’Église (cf. les lettres de Paul), mais il est possible que
cette problématique soit exacerbée à notre époque parce que les chrétiens circulent davantage, voient plus facilement ce qui se fait ailleurs, notamment au moyen d’Internet. Et, aujourd’hui, la créativité est davantage valorisée, l’accent est mis sur le ressenti, l’expérience vécue pendant le culte…

De fait, si les personnes qui participent au culte ne s’y retrouvent pas, elles peuvent chercher d’autres formes de culte ailleurs. Les membres, selon leur possibilité de s’exprimer ou d’influencer, peuvent agir ou pas pour faire évoluer les choses. La limite
de l’exercice peut cependant être assez vite atteinte en fonction de la patience et des capacités d’adaptation de chacun ainsi que de celles des responsables.

Une question se pose : toutes les sensibilités se valent-elles ? Ou bien certaines seraient-elles davantage fidèles à l’Évangile que d’autres ? Si les articles de ce patchwork valorisent très largement la richesse de la diversité, celle-ci a évidemment des limites. Et quand elles sont atteintes, il est bien délicat de préserver la communion fraternelle. Une confession de foi est une aide, mais elle n’est pas une garantie d’unité.

Que Dieu (et un tout petit peu ces articles) nous aide à construire l’Église dans l’unité et la diversité.

Bonne année 2023 !

MARC ANDRÉ WIDMER (président des Éditions Mennonites)  et SYLVIE KRÉMER (rédactrice de Christ Seul)