Sur la terre comme au ciel (Matthieu 6.10)

 Dans Christ Seul

C’est dans la version du Notre Père que nous rapporte Matthieu (6.9-13) que les demandes de la première partie de la prière que Jésus nous a enseignée s’accompagnent de la précision « sur la terre comme au ciel ».

La terre ? Nous la connaissons : nous y vivons ! Le ciel ? Ce n’est pas ici le ciel des étoiles, mais le monde céleste, invisible, le monde de Dieu, ce domaine de la création où il est plus particulièrement présent. « Le ciel ? dit le psalmiste, il appartient à l’Éternel ; quant à la terre, il l’a donnée aux hommes » (Ps 115.16). C’est pourquoi Jésus nous invite à prier : « Notre Père, toi qui es aux cieux. »

DÉJÀ DANS LE MONDE CÉLESTE

Credit-Mr-sulaiman

Comprenons-nous ce qu’ajoute la précision « sur la terre comme au ciel » ? Soulignons premièrement que, contrairement à la manière dont on la prie le plus souvent, cette précision ne colore pas la seule demande « Que ta volonté soit faite ». Elle porte sur les trois requêtes qui la précèdent, comme si l’on priait : « Que ton nom soit sanctifié, que ton Royaume vienne, que ta volonté soit faite, oui, tout cela, sur la terre comme au ciel. » Deuxièmement, par cette précision, nous demandons que ce qui est déjà le cas dans le monde céleste – là où le nom du Père est sanctifié, où il règne et où sa volonté est respectée – devienne aussi une réalité dans le monde des hommes, sur la terre. Cette précision est le résumé même de toute notre espérance !

Par ces mots, nous demandons au Père qu’un jour, sur la terre aussi, dans tout ce que les êtres humains feront et dans tout ce dont ils jouiront, ils donnent enfin à Dieu la place qui lui revient, car c’est ainsi que l’on sanctifie son nom. Par ces mots encore, nous demandons au Père qu’un jour, la terre qui, avec la création tout entière, a été soumise à la vanité et soupire, désirant être libérée de la mort (Rm 8.19-21), devienne enfin son Royaume. Par ces mots finalement, nous demandons au Père qu’un jour, les hommes et les femmes de ce monde parviennent enfin à l’aimer de tout leur cœur en obéissant à sa volonté. Oui, c’est pour une telle espérance terrienne que Jésus nous a appris à prier, pour l’instauration du Royaume du Père sur la terre, et non pour un départ définitif des êtres humains au ciel. C’est en cela que consiste l’espérance de la résurrection du corps et de la « nouvelle naissance » du monde (Mt 19.28 litt.).

PRIER AVEC ESPÉRANCE

Lorsque Jésus a enseigné cette prière à ses disciples, il était avec eux et leur faisait connaître son Père. Quelque temps plus tard, le Ressuscité était enlevé au-delà des nuées et le Fils de l’homme s’est assis sur le trône même de Dieu. Depuis lors, lorsque nous prions Dieu, c’est un homme qui nous écoute. Il règne, siégeant sur le trône divin, et le jour où la mort sera vaincue, il remettra, ici-bas, le Royaume à son Père (1Co 15.25-28 ; cf. Mt 13.40-43). Mais aujourd’hui, comme du temps du ministère de Jésus, ce qui est au ciel n’est pas encore sur la terre. Le Fils règne, mais « actuellement nous ne voyons pas encore que tout lui soit soumis » (Hé 2.8). Que notre foi ne nous fasse donc pas tomber dans l’illusion, comme si le Royaume était déjà là ! La vanité à laquelle Dieu a soumis la création suite à la chute (Rm 8.20), avec son cortège de souffrance, de maladie et de mort, conditionne notre existence ; en priant le Notre Père, nous le confessons : « sur la terre… un jour, comme au ciel déjà ! » C’est pourquoi, après nous avoir enseigné ce pour quoi nous devons prier avec espérance pour l’avenir, Jésus précise à quelles demandes son Père répondra dès aujourd’hui : « Donne-nous aujourd’hui notre pain de demain [ou “de ce jour” ou “dont nous avons besoin”], pardonne-nous nos offenses comme nous aussi, nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal » (Mt 6.11-13).

NOTRE PÈRE !

Jésus règne, mais le Royaume n’est pas encore là, cette terre glorifiée où la justice habitera (2P 3.14). Mais Jésus nous a enseigné à prier « notre Père ». Lui, le médiateur du Père, nous l’a fait connaître. Il ne s’est jamais associé à ses disciples pour dire « notre Père » avec eux, mais disait « mon Père et votre Père » (Jn 20.27) : il a introduit les siens à cette relation unique qu’il avait avec son Père pour qu’ils puissent prier ensemble : « Père ! » (Lc 11.2). Élevé dans la gloire dans le monde céleste, Jésus a répandu son Esprit sur eux. En réponse à leur prière, ce n’est pas le tout du Royaume qui est venu, mais le Christ, à la Pentecôte, a fondé son Église, le peuple du Royaume. C’est pourquoi, « héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ » (Rm 8.17), nous prions d’une voix : « Notre Père ! » Tel est déjà notre glorieux statut sur la terre en attendant que le ciel vienne ici-bas pour épouser la terre lorsque Jésus reviendra (Ap 21.1-4).

 

POUR ALLER PLUS LOIN…

Pour une étude plus complète du Notre Père, voir Jacques Buchhold, Méditation sur le Notre Père, coll. Éclairages, Vaux-sur-Seine, Édifac, Charols, Excelsis, 2021.

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