Comprendre la génération Z
Dans l’Église, la tranche d’âge désignée par « les jeunes » correspond en général aux 15-30 ans. Ce sont eux qui vont au groupe de jeunes, aux week-ends CJ… Les sociologues désignent parfois cette tranche d’âge par « génération Z », succédant aux générations X et Y. Qu’est-ce qui caractérise cette génération Z ? Quelles sont ses spécificités, ses aspirations ?
Nous avons tous été jeunes un jour. Mais être jeune en 2023 est très différent de quand je l’ai été, et encore plus différent de quand mes parents l’ont été. Quand un adulte se plaint qu’« ils ne savent plus respecter l’autorité » ou qu’« ils sont tout le temps sur leur portable », il prend le risque de tomber dans un piège : celui de plaquer son vécu sur celui du jeune sans prendre en compte les réalités nouvelles de sa génération.
Il est donc important, pour les aimer, de bien comprendre les jeunes. Voici un survol de quelques caractéristiques de cette génération Z.
LA RELATION AU NUMÉRIQUE
Crédit image : Karsten Winegeart
C’est la caractéristique phare de cette génération : avoir grandi dans un monde où le numérique est partout – smartphones, Internet illimité… S’il y a beaucoup de choses à critiquer sur l’évolution de notre société et la manière dont elle impacte les jeunes, certaines évolutions peuvent aussi être valorisées. Prenons exemple sur les saumons, qui sont capables de suivre le courant tout autant que de le remonter, pour même remonter jusqu’à la source.
LA RELATION À L’INFORMATION
L’hyperconnexion expose les jeunes à une surabondance d’informations. Le rapport à l’information s’en trouve profondément changé. Tandis que, pour les générations précédentes, il y avait une valeur à détenir l’information, ce qui compte pour les jeunes, c’est avant tout de savoir où la trouver. L’information ne se retient plus, elle se partage. On peut déplorer que les jeunes aujourd’hui ne mémorisent plus autant de versets bibliques qu’auparavant. Mais on peut aussi se réjouir qu’ils aient accès à la Bible partout où ils vont !
LA RELATION AU TEMPS
Dérèglement climatique, crises sociales, guerres… Le jeune Z est conscient de l’avenir peu radieux qui l’attend. Face à cela, les écrans offrent une échappatoire ancrée dans le présent où ce qui compte, c’est ce qui se partage dans l’instant, c’est la tendance du moment (la « trend »). Le jeune Z s’adapte ainsi à un monde qui va de plus en plus vite, mais qui génère un rapport aux choses plus superficiel et souvent aussi plus affectif. Pourtant, tout humain a besoin d’un ancrage dans le passé et d’un espoir dans l’avenir. Précisément ce que propose la Bible ! L’Église a donc un rôle essentiel à jouer pour donner aux jeunes des racines et des ailes.
LA RELATION AU TRAVAIL
Alors qu’on parlait de la « valeur travail », la génération Z ne considère plus le travail comme une fin en soi. Le jeune Z ne va pas vouloir travailler juste par sens du devoir. Il a davantage besoin de s’approprier ce qu’il fait pour que cela soit source de plaisir et d’épanouissement. On peut penser cela au niveau professionnel, mais également en lien avec la question du service dans l’Église. C’est le sentiment d’être à sa place et l’épanouissement qui vont être déterminants pour qu’il serve dans l’Église.
LA RELATION AU RÉSEAU
J’entends parfois dire que les jeunes sont de plus en plus individualistes. Mes observations me font croire l’inverse. S’il est vrai que le jeune Z a un fort besoin de personnalisation, la dimension collective est plus valorisée par cette génération que par les précédentes. L’hyperconnexion correspond souvent à une hypersocialisation. On peut déplorer le temps passé par les jeunes sur les réseaux sociaux. Mais il faut reconnaître qu’il s’agit d’un temps considérable passé en relation avec d’autres. Plus que jamais, les jeunes ont besoin des autres pour exister, pour construire leur identité. Cette dernière caractéristique me semble être une bonne nouvelle pour l’Église. Même si l’enjeu de définir quel type de chrétien le jeune veut personnellement être est crucial, son appropriation des enseignements bibliques ne se fera pas de façon solitaire. L’enjeu est alors que l’Église puisse proposer des groupes d’appartenance dans lesquels le jeune se sentira accueilli et aimé tel qu’il est.
POUR ALLER PLUS LOIN…
Daniel Ollivier (sociologue) : https://www.journaldunet.com/management/expert/68272/voila-pourquoi-la-generation-z-est–vraiment–a-part.shtml
