Des mages venus d’Orient

 Dans Christ Seul

L’accueil de l’autre commence toujours par ma propre remise en question. L’autre est toujours différent ; l’accueillir m’oblige à accepter que ma manière de penser, ma manière de faire, n’est pas la seule, ni même la meilleure. Plus l’autre vient de loin, plus l’effort est conséquent. Mais l’accueil n’est pas seulement un geste bénéfique et généreux pour l’autre ; moi-même je suis au bénéficie de ce geste en m’ouvrant, en apprenant.

Le récit des mages « venus d’Orient » est frappant par l’accueil qu’il présente. À une époque où le voyage était pénible, cher et extrêmement dangereux, on se déplaçait seulement par nécessité absolue. L’ignorance des coutumes et des intentions de l’autre faisait que la méfiance envers l’étranger était de règle. L’accueil de l’étranger en Palestine au temps de Jésus n’allait pas de soi. Les règles de pureté interdisaient le contact entre le Juif et le non- Juif, tel que le partage du repas, d’un verre d’eau, ou même le fait d’être sous le même toit (Ac 11.3, Jn 4.9). Même les lois de l’Ancien Testament qui interdisaient l’oppression de l’étranger s’appliquaient au résident établi plutôt qu’au voyageur (Ex 22.20, Dt 24.14).

DES PERSONNAGES SUSPECTS

Crédit image : Jzillian Amatt

Contrairement à ce que rapportent nos traditions, les mages n’étaient probablement pas des visiteurs d’honneur. Quand les premiers destinataires de Matthieu entendaient le mot magoï, ils pensaient certainement aux personnages de la littérature juive désignés par ce terme : les magiciens incompétents et malhonnêtes de Pharaon, le sorcier Balaam recruté pour maudire Israël, les astrologues perses incapables d’interpréter les rêves du roi dans le récit de Daniel. Magoï est utilisé pour désigner des sorciers malfaisants, souvent associés aux empoisonneurs. La seule occurrence du mot dans le Nouveau Testament en dehors du récit de Matthieu décrit un magicien « plein de ruse et de méchanceté » (Ac 13.10). En effet, les pratiques associées aux magoï que sont la magie, l’astrologie et la divination sont condamnées fortement dans la Bible (Dt 18.10-11, Jr 10.1-2, Ac 8.9, Ap 9.21).

ET POURTANT …

Les visiteurs d’orient qu’a reçu Jésus n’étaient donc pas des rois, et n’étaient pas hautement estimés des premiers auditeurs du récit de Matthieu. Comment se fait-il que Dieu venu sur terre soit accueilli et honoré par des étrangers incirconcis, sorciers ou magiciens de réputation douteuse ?

Le récit ne décrit pas la réaction de Marie et de Joseph face aux mages. Mais il sous-entend qu’ils ont accepté l’adoration et les cadeaux avec reconnaissance. Avec cet épisode, Matthieu veut montrer l’inclusion des non-Juifs dans le plan de Dieu. Si nous comprenons la réputation qu’avaient des magiciens étrangers au premier siècle, nous pouvons imaginer la surprise de Marie et Joseph, ou des premiers auditeurs de l’évangile, à l’idée que Jésus soit accueilli par de telles personnes.

En acceptant leurs hommages, en les faisant même venir de si loin, Dieu accueille celui qui est inaccueillable. Il se laisse honorer par ce qui est sans honneur. Il reçoit celui qui est socialement rejeté. Il appelle auprès de lui les impies, les malhonnêtes, les incompétents. En se laissant accueillir par de telles personnes, Dieu lui-même les accueille. Suis-je prêt à faire de même ?

 

 

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