Une parole, quatre terres
La parabole du semeur et des quatre terres est la « parabole des paraboles » : son contenu même exprime les effets possibles d’une parabole. En effet, une parabole est un récit pouvant susciter l’attention et l’interrogation, mais l’auditeur a le choix : en rester au récit ou vouloir en savoir plus. Selon la réception de la parabole par l’auditeur, la parabole reste énigmatique ou devient porteuse de sens. La parabole du semeur décrit précisément ce phénomène : les quatre terres réagissent différemment à la semence. Trois d’entre elles restent sans fruit, la quatrième porte des fruits. De la réception dépendent les fruits – ou leur absence.
Cette parabole a aussi pour particularité d’être accompagnée par une explication, donnée par Jésus, suite à une question des disciples (Mt 13.10). Ils veulent en savoir plus : Jésus explique. Pour nous, lectrices et lecteurs, il est bon de distinguer ce que nous recevons de la parabole et ce que nous comprenons de l’explication.
LE SEMEUR POUR SEMER
De la parabole (13.3b-9), je note deux aspects. (1) Le semeur sème largement. Il ne choisit pas telle terre, il n’exclut pas telle autre terre. Et puis (2), sur quatre terres, trois restent infructueuses. Proportionnellement, c’est beaucoup ! La semence, porteuse de vie, reste souvent sans effet. Si je suis comme une terre, devrais-je me sentir concerné si trois fois sur quatre la semence n’aboutit pas… ?
De l’explication (13.18-23), je dégage une pensée et son application. Les personnes représentées par les quatre terres « entendent » toutes la « parole du Royaume » (13.18). Mais la simple audition ne suffit pas à porter du fruit. Sur la première terre, la parole du Royaume reste en surface, ne descend pas dans l’intériorité de la personne. Sur la deuxième terre, le début de réception est bon (de la « joie », 13.20), mais il manque des racines qui permettent de résister à l’opposition, de tenir bon dans la durée. Sur la troisième terre, la parole du Royaume est étouffée par l’environnement extérieur (« les préoccupations de ce monde et l’attrait trompeur de la richesse », 13.22). La personne de la quatrième terre « entend » et « comprend » (13.23), et cette compréhension déclenche du fruit !
CELUI QUI A DES OREILLES, QU’IL ENTENDE !
Nous entendons souvent des prédications ou nous lisons des articles dans Christ Seul. S’ils sont porteurs de la « parole du Royaume », quels effets ont-ils sur nous ? Quelle est notre réception de la parole du Royaume ? Comprenons-nous ce qu’est la parole du Royaume précisément ? Quels obstacles trouve-t-elle sur son chemin ? De la superficialité (terre n° 1) ? Un manque de racine et de persévérance (terre n° 2) ? Un attrait plus fort pour les richesses (terre n° 3) ?
Je trouve que le contexte culturel contemporain est imprégné de ces aspects : superficialité des réseaux sociaux sans aller au fond des choses (terre n° 1 en version actuelle), sans prendre au sérieux un parole extérieure et différente qui vient appeler au changement, comme le fait la parole du Royaume ; surf, zapping, culte de la nouveauté qui donnent le tournis (terre n° 2 actualisée) ; consumérisme qui transforme même les personnes en objets (terre n° 3 actuelle). Dans un tel contexte, les obstacles à une bonne réception de la parole du Royaume sont grands…
DES RACINES ET DES FRUITS
Comment recevons-nous la parole du Royaume ? Comment la réceptionnons-nous ? Cette parabole invite à nous interroger à ce sujet. Le problème est le suivant : souvent, nous n’avons pas conscience que nous ne « comprenons » pas, que notre réception de la parole du Royaume laisse à désirer. Que Dieu nous fasse le cadeau de recevoir la parole du Royaume en profondeur, dans la durée, en nous désencombrant. La vraie joie, c’est une récolte de fruits !
« Il leur parlait de beaucoup de choses en utilisant des paraboles et il leur disait : Un jour, le semeur sortit pour semer. Comme il semait, une partie des grains tomba au bord du chemin : les oiseaux vinrent et les mangèrent. Une autre partie tomba sur un sol pierreux où il y avait peu de terre. Les grains poussèrent aussitôt parce que la couche de terre n’était pas profonde. Quand le soleil se leva, il brûla les jeunes pousses et, faute de racines, elles se desséchèrent. Une autre partie des grains tomba dans les ronces. Celles-ci grandirent et étouffèrent les bonnes pousses. Mais d’autres grains tombèrent dans la bonne terre et produisirent des épis : les uns portaient cent grains, d’autres soixante et d’autres trente. Et Jésus ajouta : Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! (…) Écoutez donc ce que signifie la parabole du semeur. Ceux qui entendent parler du royaume et ne comprennent pas sont au bord du chemin où la semence est semée : le Mauvais arrive et s’empare de ce qui a été semé dans leur cœur. D’autres sont comme le terrain pierreux où tombe la semence : ils entendent la parole et la reçoivent aussitôt avec joie. Mais ils ne la laissent pas s’enraciner en eux, ils ne s’y attachent qu’un moment. Alors, quand survient la détresse ou la persécution à cause de la parole de Dieu, ils se détournent de la foi. D’autres encore reçoivent la semence dans des ronces : ils ont entendu la parole, mais les préoccupations de ce monde et l’attrait trompeur de la richesse étouffent la parole, et elle ne produit pas de fruit. D’autres, enfin, reçoivent la semence dans de la bonne terre : ils entendent la parole et la comprennent ; ils portent des fruits, l’un cent, un autre soixante et un autre trente. »
Matthieu 13.3-9, 18-23