L’expérience de la souffrance dans l’Écriture

 Dans Christ Seul

DOULEUR, PERTE, SOUFFRANCE, ÉPREUVE

Que pouvons-nous apprendre au sujet de la douleur dans la Bible ? Beaucoup et peu à la fois. Beaucoup car la Bible est réaliste. Le mal, la souffrance, la douleur y sont bien présents. Peu aussi car elle n’apporte pas de véritable explication. L’essentiel est sans doute ailleurs…

De la Genèse à l’Apocalypse, une trajectoire de salut traverse l’Écriture et se termine sur une aube nouvelle sans cri ni douleur (Ap 21.4). Car la rupture de la relation confiante entre la créature et son Créateur a généré une maladie mortelle que la Bible appelle péché. La douleur et la peine se multiplient à partir de là (Gn 3.16-17). Étaient-elles absentes avant ? Difficile de répondre. Mais une chose apparaît nettement : Dieu cherche l’humain pour le sauver.

LES PSAUMES

Le recueil des Psaumes abonde de cris et de douleurs. Dans le psaume 77, l’auteur vit une situation pénible. Il ne comprend plus le Très-Haut qui semble ne plus être le même. Car, si dans un état antérieur la bonté de Dieu lui paraissait évidente, cet ordre des choses s’est effondré¹.

Nous avons tous une certaine idée de Dieu et de son action. Quand tout « roule » comme nous l’entendons, elle nous paraît évidente. Mais qu’en est-il lorsque Dieu n’agit plus de la même manière ? Certains théologiens et auteurs parlent du « Dieu du peut-être ». En toute honnêteté, il est sûrement préférable d’avouer que nous ne savons pas pourquoi la douleur frappe aveuglément.

JEAN LE BAPTISEUR

Crédit photo : Holly Mandarich

Un personnage clé dans l’avènement de Jésus-Christ est Jean le Baptiseur. Il a rempli sa mission de préparer le chemin pour le Messie. Mais lorsqu’il se retrouve emprisonné, il est saisi par le doute et la désillusion : « Est-ce toi, celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Lc 7.19). C’est avec cette interrogation qu’il envoie ses disciples auprès de Jésus. Sa question sous-entend que Jésus ne répond pas aux attentes placées en lui. « Moi, je vous baptise d’eau, mais il vient, celui qui est plus puissant que moi (…) Il a sa fourche à la main, il va nettoyer son aire ; il recueillera le blé dans sa grange, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas » (Lc 3.16-17). Pour Jean, le Messie devait établir un ordre social conforme à la Torah et libérer son peuple de l’oppresseur romain.

La douleur et l’épreuve produisent incontestablement une crise dans notre foi, notre façon de croire et de comprendre l’action de Dieu.

NOTRE VIEUX FRÈRE JOB

Job, ce vieux frère comme le nomme Marion Muller-Colard, nous entraîne à la découverte d’un Autre Dieu².Le livre de Job nous narre le chemin de vie d’un homme qui perd tout. Et la question est posée : comment résistera-t-il lorsque la souffrance s’abattra sur lui ? Il y a tout d’abord la plainte, suivie de la conscience de la menace qui plane sur toute vie humaine. Pourtant la vie sait se frayer un passage insoupçonné à travers la douleur. La longue traversée de Job l’amène à la contemplation de la nature. La création lui révèle la grâce du Dieu qui donne la vie. Ce chemin n’aboutit pas à une réponse au « pourquoi » de la souffrance. Mais Dieu vient le chercher dans la plainte et la menace pour le conduire vers la grâce. Ainsi, Job est sauvé de ses impasses religieuses.

Car, s’il n’existe aucun système explicatif du mal, aucun dogme ni grigri qui fasse l’économie de notre vulnérabilité, il existe la solidité des montagnes, la fidélité des paysages, le foisonnement végétal qui redonne fidèlement ses fruits chaque saison. Et nous pouvons appuyer les petits pas de notre marche précaire sur la stabilité du minéral et le renouvellement du vivant.

 

 

¹Linda Oyer, La souffrance, un chemin de vie ?, Éditions Mennonites, collection Les Dossiers de Christ Seul, 3/2016, p. 19.
² Marion Muller-Colard, L’Autre Dieu. La plainte, la menace et la grâce, Albin Michel, 2017.

 

« Je rendrai tes grossesses pénibles, tu souffriras pour mettre au monde tes enfants. »

« Tu auras beaucoup de peine à en [le sol] tirer ta nourriture pendant toute ta vie » (Gn 3.16a ; 17b).

« Il essuiera toute larme de leurs yeux. Il n’y aura plus de mort, il n’y aura plus ni deuil, ni lamentation, ni douleur. En effet, les choses anciennes ont disparu » (Ap 21.4).

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