🌕Travailler dans le secteur social
Deux jeunes professionnelles nous parlent de leurs métiers : assistante de service social dans un centre d’hébergement d’urgence et ergothérapeute. Elles témoignent de ce qu’elles aiment dans leur profession et comment elles vivent leur foi dans ce cadre.
AUPRÈS DES DEMANDEURS D’ASILE
Depuis bientôt cinq ans, je travaille en tant qu’assistante de service social à l’association ACCES et plus précisément au sein d’un HUDA (hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile).
En tant que travailleuse sociale, je suis soumise au principe de laïcité et je ne peux ainsi pas parler ouvertement de ma foi. Néanmoins, je suis ravie de travailler pour une association qui se dit ouvertement chrétienne. J’essaye de refléter au mieux les valeurs bibliques de notre association et je prie que par mon attitude, je puisse interpeller les résidents et mes collègues et leur permettre d’expérimenter l’amour de Dieu.
Travailler avec des demandeurs d’asile est une réelle joie pour moi. Un public bien souvent mal-aimé et rejeté par notre société. Pourtant, ces personnes, ces familles ont des parcours de vie que personne ne souhaite avoir. Elles ont été contraintes de fuir leur pays pour sauver leur vie. Elles ont laissé derrière elles famille, maison, travail, amis…
Arriver en France, faire valoir son histoire, attendre parfois des mois une réponse à sa demande d’asile, apprendre une nouvelle langue, tenter d’apaiser les traumatismes vécus sont autant de défis auxquels ces personnes font face. Malgré ces difficultés, je suis encouragée par l’accueil et l’hospitalité dont elles font preuve. Lors des visites à domicile, c’est un vrai voyage culinaire qui nous attend. Les familles mettent un point d’honneur à nous accueillir du mieux qu’elles peuvent. Pourtant, les revenus en tant que demandeurs d’asile sont minimes (à titre indicatif, une personne isolée reçoit 6,80 €/jour soit 204 €/mois ; une famille de huit personnes reçoit 30,60 €/jour soit 918 €/mois). Quelle belle et grande leçon pour moi, pour nous ! En tant qu’enfants de Dieu, nous sommes appelés à aimer, à donner à notre prochain le meilleur possible et ce, peu importe nos revenus. En sommes-nous conscients ?
Tendre la main à ces personnes pour les accompagner vers un avenir possible ici en France ou ailleurs est une belle mission enrichissante.
ALEXANDRA BAILLY
AUPRÈS DE PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP
Je suis actuellement ergothérapeute au Mont des Oiseaux, dans une institution qui accueille des enfants et des adultes en situation de polyhandicap. Je le précise parce que je crois qu’un ergothérapeute ne se définit pas par sa spécialité, mais plutôt par les personnes qu’il accompagne, car l’ergothérapie (en grec, ergon signifie activité ou action) est un domaine très vaste… Mais si je devais le résumer très simplement, je dirais que c’est le professionnel de l’autonomie.
Plus en détail : on va chercher des solutions pour que la personne qu’on accompagne puisse être au maximum autonome dans son quotidien, surtout dans les tâches qui comptent pour elle. Cela peut passer par des séances ou des ateliers pour travailler des aptitudes particulières, mettre en place des adaptations de toutes sortes, chercher le positionnement optimal, etc. Il faut aussi veiller au bien-être psychologique de la personne, car il a beaucoup d’impact sur la capacité à se mettre en mouvement.
En définitive, il s’agit de retrouver un cercle vertueux dans le quotidien de la personne : bienêtre → motivation pour se mettre en action → action → bien-être.
En sachant tout cela, vous pouvez facilement vous imaginer à quel point c’est vaste et que l’on peut être vite perdu lorsqu’on commence à travailler quelque part. Il faut réussir à bien analyser là où on peut intervenir en étant le plus pertinent possible, car en ayant plus de 60 personnes à prendre en charge, il n’est pas possible de tout faire. À cela s’ajoutent les limites financières de l’institution et le fait qu’on dépende parfois du bon vouloir des collègues pour mettre en place quotidiennement ce que l’on préconise. Oui, on peut vite avoir l’impression d’essayer d’éteindre un feu de forêt avec des gouttes d’eau… et donc se sentir incompétent ou inutile.
Avoir Jésus dans ma vie m’aide beaucoup à relativiser et à me concentrer sur l’essentiel : je suis quelqu’un qui peut apporter beaucoup « juste » en aimant. En me concentrant sur ce que je peux donner même si cela semble ne pas suffire. Je peux toujours donner de l’amour, malgré le manque de moyens ou malgré mes lacunes. Que ce soit aux collègues avec qui je travaille ou aux résidents de l’établissement. Cela me pousse à moins me focaliser sur l’image que je renvoie en tant que professionnelle, moins chercher ma propre satisfaction ou la reconnaissance de l’autre, mais à chercher surtout son intérêt et me laisser toucher par lui. Plus ou moins imparfaitement en fonction des jours !
Compatir ou se réjouir avec la personne pour faire au moins du bien durant la minute ou l’heure présente. On pense que ça ne peut pas tout changer, que ça ne va pas révolutionner la vie de la personne… et en même temps, ce sont ces moments-là qui changent la tournure d’une journée, et parfois même d’une vie !
LUCILLE DESSERT