Les origines de la fête de Noël
Comme en témoigne le Nouveau Testament, les tout premiers chrétiens ne célébraient pas la naissance de Jésus. Cependant, avec le temps et la transformation du christianisme en une religion essentiellement constituée de non-juifs qui étaient culturellement habitués à célébrer des anniversaires, la création de cette fête devint peu à peu une évidence.
L’INTÉRÊT POUR LES CIRCONSTANCES DE LA NAISSANCE DE JÉSUS
Bien avant la création de la fête de Noël, et dès le second siècle déjà, les chrétiens commencèrent à s’intéresser à la nativité, racontée dans les évangiles de Luc et Matthieu. En quête de plus d’informations, ils se tournèrent vers l’Ancien Testament et cherchèrent dans ses prophéties des éléments d’information. Ainsi, comme Luc 2.7 mentionne une mangeoire, et qu’Ésaïe écrit « le bœuf connaît son propriétaire et l’âne la mangeoire de son maître » (Es 1.2-3), ils en déduisirent que Jésus est le maître de la mangeoire et, depuis cette époque, un bœuf et un âne apparaissent dans l’histoire de la naissance de Jésus.
Des phénomènes similaires enrichirent la compréhension de l’histoire de la nativité au fil des siècles, comme par exemple une nouvelle interprétation des mages au 4e siècle, qui, sur la base d’Ésaïe 60, déduisit qu’ils étaient des rois, voyageant à dos de chameau, et venus de diverses nations. Les mages gardèrent toujours une place de choix dans l’Église de l’Antiquité, non seulement à cause de leur caractère exotique et mystérieux, mais aussi parce que les chrétiens les considéraient comme les symboles de l’acceptation du Christ par les nations.
UNE DATE CHARGÉE DE SYMBOLES
Les évangiles ne donnent guère d’informations pour dater la naissance de Jésus. Ils indiquent simplement que des bergers passaient la nuit dans les champs en gardant leur troupeau. Or, en Judée, cette pratique est courante entre les mois de mars et novembre : cela n’aide donc guère à préciser la date, ni même la saison ! Mais cela n’arrêta pas les discussions pour déterminer la date anniversaire de la naissance de Jésus, car pour les chrétiens de l’Antiquité, c’était surtout l’aspect symbolique qui était important dans le choix d’une telle date. Ainsi, une des premières dates suggérées pour la naissance de Jésus fut le 25 mars, parce que c’était le jour de l’équinoxe de printemps et qu’il était considéré comme un symbole de renaissance et de renouveau de la création. Puis on suggéra que si le 25 mars était bien le jour de la conception de Jésus, c’était neuf mois plus tard – le 25 décembre – qui devait être sa date anniversaire. Il faudra cependant un concours particulier de circonstances pour que les chrétiens adoptent ce choix.
LE SOLEIL DE JUSTICE
Pour propager la foi chrétienne d’une manière compréhensible dans la culture gréco-romaine, les chrétiens de l’Antiquité utilisaient – lorsque cela était possible sans dénaturer leur foi – des images populaires pour montrer la supériorité du Christ. Ainsi, un des symboles qui fut très vite associé à Jésus dans l’Église ancienne fut celui du soleil, notamment en identifiant Malachie 4.2 comme une prophétie qui pointe vers lui comme le « Soleil de Justice ». Le Nouveau Testament précise aussi plusieurs fois que le visage de Jésus resplendit comme le soleil (Mt 17.2 ; Ac 26.13 ; Ap 1.6). Or, aux 3e et 4e siècles, plusieurs empereurs firent la promotion du culte païen du dieu soleil appelé « Soleil Invaincu », entraînant parfois la persécution violente des chrétiens. En même temps, la propagation du culte du soleil semble avoir poussé les chrétiens à plus utiliser l’image de Jésus comme le vrai « Soleil de Justice », alternative au « Soleil Invaincu ». Or la fête de naissance du Soleil Invaincu avait lieu le 25 décembre…
C’est en 336 qu’un document finalise les discussions et confirme le 25 décembre comme anniversaire du Sauveur, un choix probablement motivé par des raisons symboliques, et par le désir de concurrencer et combattre la célébration du Soleil Invaincu, en fêtant à sa place la naissance du Soleil de Justice.
La fête se popularisa aux 5e et 6e siècles, notamment avec l’apparition très tôt des sermons et hymnes de Noël. Ainsi, vers l’an 600, Noël était devenu une fête majeure chez les chrétiens1.
¹ Pour plus d’informations sur les phénomènes résumés dans cet article, voir Joseph F. Kelly, The Origins of Christmas, Liturgical Press, Collegeville, 2014.