Quand l’histoire mennonite intéresse les non-mennonites… !

 Dans Christ Seul, Connecter

Comme depuis 1985, les journées du patrimoine (17-18 septembre) ont été l’occasion de visiter le site du Salm. On a compté une centaine de visiteurs.

Le site du Salm comprend un cimetière et une ferme sur la commune de La Broque dans la vallée de la Bruche.

DE L’HISTOIRE PASSÉE…

Un stand de littérature mennonite avait été installé sur le passage des visiteurs. Arrivés au cimetière, ils ont pu entendre la conférencière, Mme Naas, expliquer les origines des mennonites et la raison de leur présence en ces lieux. Persécutés en Suisse, les anabaptistes se sont dispersés un peu partout en Europe et certains sont arrivés dans ce coin des Vosges. On a retrouvé la trace de six familles à Saulxures en 1708. L’arrêt d’expulsion des anabaptistes de France en 1712 les chasse de Sainte Marie-aux-Mines et quelques uns viennent se joindre à la communauté du Salm, alors principauté autonome. Le prince de Salm, catholique, se montre accueillant à leur égard. La plupart loue des fermes en agriculture et savent enrichir les terres, s’occuper du bétail, fabriquer des fromages, tisser des vêtements… Leur réussite professionnelle suscite parfois la jalousie de leurs concitoyens, qui les importunent. De plus, pendant la Révolution française, certains cahiers de doléances demandent l’expulsion des mennonites. Mais la population locale est d’autres fois bienveillante envers eux et les archives n’ont rien retenu de négatif à leur encontre.
Après le rattachement de la principauté de Salm à la France en 1793, le statut des mennonites dans cette région change. Les privilèges dont ils jouissaient disparaissent. Des contraintes nouvelles apparaissent, entre autres le service militaire. Ils envoient une délégation à Paris, auprès du Comité de Salut Public, pour plaider leur cause. Ce dernier leur accorde la possibilité de servir dans des unités non combattantes (voir la réponse en encadré). Cette alternative sera supprimée par Napoléon, entraînant une émigration importante vers les USA.

… AUX QUESTIONS ACTUELLES

A la fin de l’exposé de Mme Naas, de nombreuses questions ont été posées : sur le passé (propriété du cimetière), et surtout sur ce que vivent les mennonites actuels. Le fonctionnement de nos Eglises interpelle nos contemporains : communautés de professants dirigées par un collège de responsables. La question des liens avec la Fédération Protestante de France a aussi été posée.

QUI SONT LES VISITEURS ?

Qui est attiré par ce genre de visites ? Des curieux, qui ont peut-être encore un lointain parent mennonite ou qui sont simplement en recherche de Dieu. Des discussions très intéressantes ont suivi l’exposé. Prions pour ces personnes qui ont manifesté de l’intérêt.

UNE FERME ANABAPTISTE RESTAURÉE

Un autre temps fort a été la visite de la ferme Kupferschmitt-Augsburger, du nom de deux occupants successifs, anciens de l’assemblée du Salm. Le premier a vu la visite du conventionnel Goupilleau pendant la Révolution (voir CHRIST SEUL, janvier-février 1974). Le second, au XIXème siècle, a reçu à plusieurs reprises le journaliste Alfred Michiels, visites relatées dans le livre « Les Anabaptistes des Vosges ». Le propriétaire allemand actuel a acheté la ferme dans les années 70 alors que la ruine la menaçait. Très respectueux de son histoire, il l’a restaurée avec beaucoup de talent.

DES PERSONNES PRÉCIEUSES

Nous avons cet après-midi là, rencontré des gens précieux pour nos Eglises.
D’abord, il y a Mme Naas, catholique, dont la thèse de doctorat porte sur la présence mennonite dans ce coin de France. Passionnée par le sujet, elle a consacré son après-midi à partager son amour pour les mennonites.
Puis M. Mattauch, le propriétaire de la ferme, qui aime lui aussi notre histoire.
Nous ne serons jamais assez reconnaissants pour des gens comme eux, qui donnent une image réelle et positive du mouvement mennonite. Trop souvent, nous souffrons d’inexactitudes répandues sur notre compte par les médias en quête de sensationnel et qui ne se donnent pas beaucoup de peine pour chercher la vérité.

ET NOUS ?

Enfin, comment oublier que ces mennonites d’autrefois, nos ancêtres spirituels, ont rendu un bon témoignage en leur temps ? Ce qui n’est pas sans nous questionner. Quelle image laissera notre génération de mennonites dans
l’histoire ? Puisse-t-elle être aussi positive !

 

MINUTE DE L’ARRÊTÉ DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC DE LA CONVENTION NATIONALE, DU 19 AOÛT 1793
« Les anabaptistes de France nous ont député quelques uns d’entre eux pour nous représenter que leur culte et leur morale leur interdisaient de porter les armes et pour demander qu’on les employât dans les armées à tout autre service. Nous avons vu des coeurs simples en eux et nous avons pensé qu’un bon gouvernement devait employer toutes les vertus à l’utilité commune. C’est pourquoi nous vous invitons d’user envers les anabaptistes de la même douceur qui fait leur caractère, d’empêcher qu’on les persécute et de leur accorder le service qu’ils demanderont dans les armées, tel que celui de pionniers et celui de charrois ou même de permettre qu’ils acquittent ce service en argent. »
NOUVEAU MANUEL D’INSTRUCTION, 1956, PAGE 212

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