Couper le manteau et non la tête

 Dans Christ Seul, Stimuler

A propos du récit de David et Saül dans la caverne (1 Samuel 24). Une belle occasion de se débarrasser d’un adversaire…

Le contexte est bien connu : Saül animé par la jalousie poursuit David avec 3 000 hommes ; Saül se retrouve soudain à la merci de celui à qui il en veut à mort. Certes, David invoque dans la suite la protection particulière dont bénéficie le roi en tant qu’élu de Dieu. Mais laissons-nous surprendre par la nouveauté de ce récit en imaginant quelles possibilités s’offraient à David au moment où ses compagnons lui chuchotent : « Dieu t’offre là ta revanche. »

AUTRES SCÉNARIOS POSSIBLES

1. David exécute lui-même Saül ;
2. David laisse ses compagnons exécuter Saül ;
3. David maîtrise Saül et le brandit comme otage face à ses troupes qu’il somme de déguerpir ou de rejoindre leur camp.
L’actualité donne quotidiennement des illustrations de tels scénarios et de beaucoup d’autres ; il s’agit là de ce qui devait « normalement » arriver. Dans la plupart des scénarios, David aurait un pourcentage raisonnable de chances d’arriver à ses fins conformément à la promesse divine : devenir roi d’Israël à la place de Saül. Il est tout aussi probable qu’il y aurait des « dégâts collatéraux » qu’il faudrait « gérer » : tentative de coup d’état de la famille de Saül et des autres prétendants au trône, soulèvement des autres partisans de Saül, partition du Royaume, guerre civile, etc. De toute façon, une escalade de la violence, comme la suite de l’histoire d’Israël l’illustrera abondamment. Mais voilà que David, à l’écoute de l’Esprit de Dieu qui l’anime (« son coeur bat »), imagine un autre dénouement : il coupe un pan du manteau et tance son ennemi à distance.

POURQUOI DAVID ÉPARGNE-T-IL SON ADVERSAIRE ?

Le discours qui suit est passionnant à décortiquer d’un triple point de vue :
1. Le comportement de David mêle avec imagination le respect (il se courbe, il se traite de « chien ») et l’interpellation forte.
2. L’état d’esprit que ce comportement révèle : David invite à un autre regard, une autre évidence que le sens commun (24,14) ; il discerne la tromperie dans le discours des compagnons (malgré la citation biblique), il voit un homme derrière l’ennemi, un élu de Dieu derrière le visage défiguré par la haine de Saül, il voit le Seigneur derrière les circonstances qui mettent Saül à sa merci.
3. La conviction (nous dirions la « foi ») qui est à la racine de cet état d’esprit : le Seigneur seul est juge, arbitre, vengeur. Lui seul aura le dernier mot et David s’en remet à lui. En fait, un dernier scénario illustre le comportement qui aurait probablement été le mien : laisser la vie sauve à l’ennemi, mais surtout rester planqué au fond de la caverne comme un pleutre. Voilà la paix telle que nous l’entendons trop souvent, mais ce n’est pas là la paix/shalom de Dieu. Qu’auriez-vous fait à la place de David ?

Cette rubrique “ Chemins de paix ” est gérée par la Commission de Réflexion pour la Paix de l’AEEMF, dans le but de faire vivre le témoignage pour la paix au sein des Eglises mennonites de France.

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