Sans-papiers

Isaac a 41 ans, il est d’origine camerounaise et est en France depuis 21 ans. Il a une formation de comptable et d’informaticien et travaillait à Paris jusqu’à l’été dernier. Aujourd’hui, il est sans emploi et SDF. « Je savais que tout pouvait basculer d’un jour à l’autre, raconte-t-il, mais pas aussi vite. » Le problème d’Isaac est qu’il est en situation irrégulière depuis plusieurs années et que l’entreprise qui l’avait embauché a fait faillite en juin. Dans la foulée, son propriétaire l’a mis à la porte. Aujourd’hui, il loge dans les centres d’hébergement d’urgence d’Emmaüs et ses perspectives sont très réduites : « Je ne veux pas rentrer au Cameroun, déclare-t-il, car je me sens Français, mais pour retrouver un travail, il me faudrait des papiers. »
La Cimade, une association oecuménique d’aide aux déboutés du droit d’asile et aux sans-papiers, s’occupe de son dossier, mais la tâche risque d’être très ardue. Car la politique de l’immigration est de plus en plus restrictive en France et le projet de loi sur l’immigration en débat parlementaire depuis le 2 mai va encore fragiliser la population des immigrants. La régularisation des sans-papiers au bout de dix années de vie en France est supprimée, elle se fera désormais au « cas par cas ». Au printemps, les Eglises orthodoxes, catholiques et protestantes, alarmées par la tournure des événements, sont montées au créneau. Grâce notamment à l’intervention de la Fédération Prostestante de France auprès du ministre de l’Intérieur, une commission va être créée pour déterminer les critères de régularisation. Il reste à espérer que cette commission travaille dans le respect des personnes. Mais rien n’est vraiment acquis.
Isaac le sait, il essaie de multiplier les démarches avant que la loi ne soit promulguée. Bientôt, il ne lui restera qu’un seul recours : obtenir la promesse d’embauche d’une entreprise « compréhensive » et faire la demande d’un titre de séjour de travailleur.
Avis aux chefs d’entreprises mennonites !