Le chrétien peut-il perdre son salut ?

 Dans Christ Seul, Stimuler

Voici encore un sujet disputé au sein du courant des Eglises évangéliques… Présentation des positions en présence et arguments en faveur d’une compréhension faisant appel à la responsabilité du croyant, tout en faisant confiance à Dieu.

« Quant à ceux qui ont été une fois éclairés, qui ont goûté le don céleste et sont devenus participants à l’Esprit Saint, qui ont goûté la bonne parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, et qui sont tombés, il est impossible de les ramener à une nouvelle repentance. » HÉBREUX 6,4-6 …

OU NE PAS LE PERDRE ?

« Mais dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés. Car je suis persuadé que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les dominations, ni le présent, ni l’avenir, ni les puissances, ni les êtres d’en-haut, ni ceux d’en-bas, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu en Christ- Jésus notre Seigneur. » ROMAINS 8,37-39
La personne qui s’est un jour tournée vers le Seigneur persévèrera-t-elle de manière certaine jusqu’à la fin, ou peut-il arriver qu’elle se détourne du Seigneur jusqu’à éventuellement finir par « perdre son salut » ?

DES POSITIONS

La problématique de base est celle du rapport, pour ce qui concerne le salut, entre oeuvre de Dieu et part de l’homme. Entre tenants des différentes positions, on s’accordera généralement à dire que l’homme n’est sauvé que par la seule grâce de Dieu, et que la réception initiale du salut se doit d’être suivie de la persévérance dans une vie d’obéissance et de fidélité à Jésus-Christ. Mais quel est l’agent, le principe opérateur de cette persévérance ? C’est là que les avis divergent…
Pour les uns (position arminienne * qui est aussi celle des anabaptistes), la persévérance est – au moins en partie – du ressort de l’homme ; elle dépend de son vouloir. La conséquence, dans cette perspective, est la suivante : puisque nous sommes des êtres faillibles, la persévérance finale ne nous est pas assurée.
Pour les autres (position calviniste), la persévérance est le don de Dieu, un don accordé à tous ceux qui ont été régénérés. Ce don de Dieu étant irrévocable, il assure au croyant sa persévérance. Si des chutes, même graves, restent possibles, elles ne peuvent en aucun cas entraîner la perte du salut.

 

LES ARGUMENTS

Les passages bibliques avancés dans la perspective arminienne sont tous les textes d’exhortations et d’avertissements que l’on trouve dans la Parole. Si de tels passages sont là, c’est que le risque d’apostasie (perte du salut) pour le chrétien est bien réel. Dieu nous place devant notre responsabilité !
Les calvinistes, bien sûr, ne rejettent pas ces textes. Simplement, disentils, ces avertissements ne sont donnés qu’en tant que moyens que Dieu a prévus pour motiver les croyants et assurer ainsi leur persévérance (des moyens donc de réaliser ce qui arrivera certainement, du fait de Dieu). Le risque d’apostasie pour le croyant n’est que théorique, au regard des capacités humaines, mais pas réel, en raison de l’interférence du facteur divin. Quant aux passages comme Hé 6,4-6 et semblables, qui parlent effectivement d’apostasie, cette position estime qu’ils concernent des personnes qui n’ont eu qu’une expérience limitée de la grâce divine, sans désir et décision véritables de se tourner vers le Seigneur : des personnes, en somme, qui n’ont jamais été véritablement des croyants. Ces dernières ne perdent pas leur salut, puisqu’en fait elles ne l’ont jamais reçu – même si elles ont pu en donner l’impression pendant un temps.
Quels sont alors les passages invoqués dans la perspective calviniste ? Tous les textes qui affirment la sécurité du croyant dans les bras de Dieu. Ces textes, les arminiens les reçoivent aussi, mais relèvent que ces promesses sont généralement conditionnées au fait pour l’homme de persévérer dans la fidélité à Jésus-Christ : une persévérance qui dépend au moins en partie de l’homme et pas uniquement de Dieu. Et quand la clause n’est pas explicitement mentionnée, c’est qu’elle est sous-entendue ! Bref, retour à la case départ…

SE SITUER DANS LE DÉBAT ?

L’inconvénient majeur de la position calviniste, à mes yeux, est qu’elle fait quand même quelque part perdre une partie du sens et de la portée des avertissements de la Parole. Quelle valeur reste-t-il en effet à ces derniers lorsque l’on est convaincu que l’on ne peut en dernier recours pas perdre son salut ? Ne court-on pas en outre le risque d’entretenir un sentiment de fausse sécurité ? Enfin, n’est-ce pas délicat de dire que les exemples d’apostasie donnés dans les Ecritures ne concernaient en réalité que des personnes qui n’étaient dès le départ pas réellement croyantes ?
Le discours arminien a le mérite de nous placer beaucoup plus franchement devant nos responsabilités… Il se heurte néanmoins aussi à des questions délicates, par exemple : quelle assurance nous reste-t-il si nous disons que notre salut dépend finalement (même si ce n’est qu’en partie)… de nous ? Nous ne sommes en effet que trop conscients de notre faiblesse ! Une réponse possible à cette objection est de préciser qu’il n’y a pas lieu d’avoir peur de perdre son salut dès que l’on a commis un péché. L’apostasie visée dans les textes est la conséquence d’une pratique persistante et continue du péché, malgré les avertissements. Et nombreux sont les passages qui rappellent qu’il est toujours possible de revenir au Seigneur (le seul péché qui ne puisse être pardonné n’étant finalement autre que celui qui consiste à persister dans l’incrédulité et l’apostasie).
Il n’y a pas lieu, donc, de tomber dans l’angoisse, mais il y a nécessité de rester conscient de notre responsabilité devant le Seigneur !

 

POUR ALLER PLUS LOIN…
BLOCHER, Henri, La doctrine du péché et de la rédemption, Edifac, (chap. « La persévérance finale » dans le vol. II de l’éd. de 1997, p. 335-349) – position calviniste

SHANK, Robert, Life in the Son – A Study of the Doctrine of Perseverance, 1989, Bethany House Publishers – position arminienne

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