Silence de Dieu et prière

 Dans Christ Seul, Stimuler

Le silence de Dieu face à nos prières nous renvoie à nous-mêmes. Même si ce silence ne s’explique pas toujours par un problème de notre côté, il nous invite à nous questionner en profondeur…

«La Parole qui rompt le silence peut permettre que le silence rompe la Parole».
Au commencement, il y a la Parole qui rompt le silence. Non seulement le silence du néant, mais aussi le silence de l’homme qui a rompu l’alliance (Ge 3,8-10) et qu’une Parole révélation ne va cesser d’appeler, d’interpeller, pour le sauver.
Ici on évoque volontiers que face à cette Parole de Dieu, il y a la surdité des hommes.

SURDITÉ DE DIEU

On cache plus volontiers que face à la parole des hommes, on peut rencontrer la surdité de Dieu. Par exemple : « Mon rocher, ne garde pas le silence envers moi ! Si tu te tais, je serai semblable à ceux qui descendent dans le gouffre » (Ps 28,1). Est-il possible que le silence vienne rompre la Parole, et qu’il soit à son tour capable d’interroger, d’interpeller ? Quel place et quel rôle lui accorder alors ? Comment le reconnaître, l’accepter quand il est insupportable face à nos attentes, nos désirs, nos besoins, et nos cris ?
Parmi les multiples facettes et formes de silence, nous n’en retiendrons qu’une, celle qui se caractérise par la non-réponse à nos demandes, nos cris. Une affirmation assez surprenante de Marc-François Lacan dans un article intitulé « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi ? » peut nous y introduire. Il écrit : « Si Dieu ne semble pas répondre à nos questions, n’est-ce pas parce que nous nous adressons à un autre que lui, à une idole de notre fabrication ? »1. Il est intéressant qu’en hébreu, un des mots pour silence a pour racine « pétrifier », pétrifié, inerte, silencieux comme la pierre et le bois des idoles. C’est une piste bien réelle.

DÉFORMATIONS DE DIEU

Nos conflits, nos exigences (si peu avouées), nos demandes (si intéressées), nos conceptions (si enfermées) sont autant de sources polluées qui contribuent à déformer le vrai Dieu. Citons encore Lacan : « En attribuant à Dieu la puissance et la justice, même si on les déclare absolues, on continue à les concevoir à la ressemblance de la puissance et de la justice humaines. Dès lors, la rencontre du mal et du malheur feront scandale si la toute-puissance ne se manifeste pas pour accomplir ce qu’exige la justice parfaite, si elle ne rétablit pas l’ordre compromis par le mal, si elle ne délivre pas l’innocent du malheur. »
Toute la révélation biblique n’est-elle pas alors un appel à renverser les autels de nos vues déformantes ? Citons ici George Bernanos : « Pour être prêt à espérer en ce qui ne trompe pas, il faut d’abord désespérer de tout ce qui trompe »… même s’il s’agit de nous mêmes.

NOTES
1. M.-F. Lacan, « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi ? », Lumière et Vie, 66, 1964, p. 37.

 

Contactez-nous

Envoyez nous un courriel et nous vous répondrons dès que possible.

Illisible ? Changez le texte. captcha txt
0

Commencez à taper et appuyez sur Enter pour rechercher