Un ‘sauveur’ ou des acteurs ?

 Dans Christ Seul, Explorer

Dans quatre mois auront lieu en France les élections présidentielles. Qu’en attendons-nous ?

On lit souvent le psaume 72, qui évoque la figure d’un roi messianique, comme une anticipation de la visite des mages à Jésus. « Les rois de Tarsis et des îles, y lit-on, enverront des présents » (Ps 72,10). Ces rois lointains, venant de Tarsis (lieu plus ou moins imaginaire situé aux extrémités du monde connu) ont partie liée avec les mages venant d’un lieu situé vaguement « à l’Orient » qui apportent des présents à celui qu’ils reconnaissent comme « le nouveau roi des juifs » (Mt 2,2).
Jésus serait-il donc le roi appelé par la prière du psaume 72 ? Ce roi qui « gouvernera le peuple avec justice, qui fera droit aux humbles du peuple, sera le salut des pauvres, et écrasera l’exploiteur ! Qui descendra, comme l’averse sur les champs » (Ps 72,2.4.6) ? C’est comme cela, sans doute, qu’Hérode l’a compris et il a pris peur. Mais c’est également cela que beaucoup de personnes attendaient de Jésus à partir du moment où il a commencé à devenir un personnage public.

HOMME… OU FEMME PROVIDENTIEL(LE)

Ce genre d’attente, adressée à une sorte de souverain idéal, continue à nous habiter aujourd’hui. La plupart des électeurs rêvent, encore aujourd’hui, de quelqu’un qui réglerait, une bonne fois pour toutes, toutes les injustices et qui mettrait fin à l’exploitation sous toutes ses formes.
A lire le psaume 72, je suis pris, cependant, d’un certain malaise. Bien sûr, tout cela est beau mais, en même temps, cette attente d’une sorte d’homme providentiel qui « descend comme l’averse sur les champs » et règle tous les problèmes d’un coup de baguette magique me pose question. C’est un peu facile de tout attendre des autres et même d’un seul autre qui nous dispenserait d’avoir à nous engager nous-mêmes. Dans l’attente électorale sans fin adressée aujourd’hui à nos gouvernants, je discerne cette même passivité. Que les chefs règlent tous les problèmes et que nous puissions vaquer à nos obligations tranquillement !

DEVENIR ACTEURS ET ACTRICES

Or ce qui est frappant, c’est que Matthieu met en regard cet épisode des mages, qui fait un écho à cette attente d’un messie tout puissant, avec le début de l’enseignement de Jésus qui est constitué par les béatitudes : « Heureux les pauvres en esprit, heureux les doux, heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, heureux les miséricordieux, heureux ceux qui font oeuvre de paix, heureux ceux qui sont persécutés pour la justice » (Mt 5,3-10). On y retrouve la même attente, mais investie tout à fait différemment. Cette fois-ci, les disciples deviennent les acteurs de cette paix et de cette justice qu’ils attendent et c’est cela le Royaume de Dieu. Jésus se tient aux côtés de ceux qui marchent dans cette voie, il les soutient, mais il ne fait pas tout le travail.

GÉMIR OU AGIR ?

L’évangile de Matthieu nous livre ainsi un commentaire implicite du psaume 72 : oui, cette attente est juste, mais vous devez devenir vous-mêmes les acteurs de cette attente. Cette attente doit vous mettre en marche, car le Royaume de Dieu n’est pas un royaume dont les sujets sont passifs, c’est un royaume où chacun est appelé à se mettre en marche.
Nous sommes au mois de janvier et nous venons de commémorer la naissance de Jésus et la visite de mages. Il y a, devant nous, les élections du printemps. Qu’en attendons-nous ? Que cette attente devienne notre raison d’agir et non pas notre raison de gémir passivement sur l’état du monde !

Cet article est publié conjointement dans « Pour la vérité » (Union des Églises évangéliques libres), « Construire ensemble » (Croire Publications) et « Christ Seul ».

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