À bas le culte sans justice !

 Dans Christ Seul, Stimuler

Il semble que, dans certains cas, le Dieu de l’alliance puisse détester les cultes… Explications et interpellation.

Plusieurs fois dans le livre d’Amos, et surtout au chapitre 5 (versets 21-24), Dieu condamne les fêtes religieuses du peuple d’Israël. Amos évoque des pèlerinages, des rassemblements, des cantiques, de la musique. Ils font horreur à Dieu. Holocaustes, offrandes, sacrifices de communion, il rejette tout. Il s’agit pourtant des éléments fondamentaux du culte, que le livre du Lévitique dit avoir été prescrits par Dieu lui-même (Lv 1,1 ; 7,38 ) et dont la fonction était d’« apaiser » Dieu ( Lv 1,9.13.17 ; 2,2.9 ; 3,5.16) et d’obtenir son pardon (Lv 4,26.31.35 ; 5,10.13.16.18.26…). Fêtes et cantiques, abondamment documentés – entre autres par le livre des Psaumes – avaient eux aussi une place centrale dans la vie d’Israël.
On trouve une condamnation du culte très semblable chez le prophète Esaïe (1,11-14).
Exactement comme le prophète Esaïe, Amos souligne ce que Dieu veut, après avoir dit ce qu’il rejette : ce qu’il veut, c’est le droit et la justice. Les deux termes utilisés ici sont des concepts fondamentaux de l’Ancien Testament.

DROIT

« Michpat » vient du verbe shafat, dont le sens est redresser, juger, et qui désigne une décision de droit, une sentence, un verdict. Le livre de l’Exode (chap. 22 et 23) contient une série d’exemples de décisions de droit de ce type. Leur but est de redresser un tort, de rétablir l’équilibre, d‘appliquer le droit dans la pratique, avec le souci de défendre les intérêts de tous – offenseur et offensé, de prescrire des dédommagements à la mesure des torts commis ou subis.

JUSTICE

« Tsedakah » évoque la justice caractéristique de l’alliance que Dieu conclut avec son peuple. L‘alliance est plus qu’un simple accord moral ou juridique, elle implique une relation profonde entre les partenaires qui s’y engagent. Pratiquer la justice, ce n‘est pas se soumettre à un carcan légal ou éthique, c’est accomplir les exigences d’une relation, c’est remplir les conditions pour que s’épanouisse la vie avec un autre – Dieu – et avec les autres – le prochain.
Tsedakah et Mishpat sont inséparables et incluent toujours ces deux dimensions : la relation avec Dieu et la relation avec le prochain, avec le souci tout particulier de protéger les faibles, les pauvres, les étrangers (cf. Ex 22,20ss ; 23,6.9 et aussi Ex 20,22 ; Lv 25 et 27 ; Dt 5 et 15).
La relation avec l’autre et surtout le souci de justice pour les plus faibles est une sorte de jauge, un critère d’évaluation de la foi, du culte rendu à Dieu.
Ceci explique la condamnation du culte et des sacrifices par Amos (5,21-22). Sacrifices et fêtes n’ont de sens que dans le contexte de l’alliance et celle-ci implique l’engagement à pratiquer la justice. Sans justice, le culte perd toute signification. Or, une grande partie du livre d’Amos s’applique à condamner l’injustice sociale qui sévissait en Israël au temps de sa prédication.

ÉCONOMIE MONDIALISÉE

Dans notre monde pris au piège des engrenages pervers de l’économie mondialisée, les perdants se comptent par millions, dans l’hémisphère Sud, mais aussi dans les sociétés privilégiées et dans les pays émergents.

RETOUR DU RELIGIEUX

Le phénomène religieux est, lui aussi, un des facteurs marquants de notre siècle, qu’il se manifeste sous ses formes séculières ou dans les mouvements spirituels les plus variés. L‘Église, concurrencée par ces nombreux courants spirituels, continue pour sa part à confesser sa foi. Elle célèbre Dieu dans ses cultes et dans des manifestations où musique et chant ont une large place. Sachant qu’en Jésus « tout est accompli », elle ne célèbre plus de sacrifices, mais le culte reste son activité centrale avec plus ou moins d’efforts pour trouver un langage cultuel adapté à notre temps.

LE CRITÈRE DU CULTE

Dans ce double contexte, le défi d’Amos concernant le vrai culte n’a en rien perdu de son actualité. Amos fournit un critère sûr pour évaluer toute spiritualité. Vivre et pratiquer la justice voulue par Dieu, c’est aujourd’hui encore la mesure de l’authenticité du culte, de la spiritualité. Que le droit jaillisse comme une source d’eau et la justice comme un torrent puissant au XXIe siècle !
Les images du torrent puissant et de la source qui jaillit montrent l’importance de ce défi. Le culte rendu à Dieu ne lui est agréable que s’il exprime l’engagement à vivre les valeurs de l’alliance, celles surtout qui concernent la justice pour les plus démunis. Le défi d’Amos devrait nous ouvrir les yeux sur cette réalité et nous aider à mettre toute notre énergie au service de la justice et du droit que Dieu veut voir déferler.
Il devrait aussi nous aider à réexaminer nos culte selon ce critère et à les adapter à cette exigence : moment privilégié pour l‘adoration, ils sont un temps de ressourcement personnel et communautaire, mais ils ne devraient jamais nous déconnecter des besoins de notre monde.

Les liens vers tous les articles de la série sont disponibles sur le blog.

 

JE DÉTESTE VOS FÊTES !
Je déteste vos fêtes, je les rejette, je ne veux plus sentir vos assemblées solennelles. Quand vous me présentez vos holocaustes et vos offrandes, je ne les agrée pas ; vos sacrifices de paix et vos bêtes grasses, je ne les regarde pas. Éloigne de moi le tumulte de tes chants ! Je n’écoute pas le son de tes luths, mais que l’équité coule comme de l’eau, et la justice comme un torrent intarissable.
AMOS 5,21-24

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