Israël – Palestine (7) : histoire au féminin

 Dans Blog, Israël - Palestine

Septième entrée de la série, avec un coup de projecteur sur les relations hommes-femmes.

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Ce matin, depuis Nazareth, nous sommes montés à Jérusalem . Le chemin par Jéricho nous a donné une idée du désert où Jésus a été confronté au tentateur. Il ne nous était pas difficile d’imaginer les embûches que pouvaient connaître les voyageurs dans ces contrées escarpées : nous y retrouvions le cadre de la parabole du Bon Samaritain. Ces zones arides alternaient avec les contrées fertiles de la vallée du Jourdain. Malgré le peu d’eau, sous nos yeux défilaient des vignes, des plantations de dattiers, des serres de tout genre.
Avant de rejoindre Jérusalem, nous nous sommes arrêtés à Ramallah, capitale provisoire de l’autorité palestinienne. Nous avions rendez-vous avec une responsable d’une association proche de nos UCJG (Union Chrétienne des Jeunes Gens) soutenue par la Communauté Européenne. Rencontrer M., c’est un moment fort dans l’histoire. On nous l’a annoncée énergique et passionnante. Elle n’est pas du genre à en mettre plein la vue. Mais à son contact, une lumière s’allume. Ce qu’elle communique prend appui sur la réflexion, une grande sensibilité, un vécu qui déborde du seul coin palestinien pour rejoindre les réalités universelles.

Femmes et formation
Le programme de formation que dirige M. vise la population des femmes, jeunes et moins jeunes, pour faire évoluer leurs capacités économiques et leur participation aux décisions politiques. Un volet s’adresse à des jeunes filles de 15 à 17 ans sous forme de conseil d’orientation professionnelle pour les encourager à poursuivre leur formation. Au village en particulier les jeunes filles peuvent se marier en-dessous de l’âge légal, vers 13 ou 14 ans. Les enfants nés de cette union ne sont pas enregistrés civilement et si l’homme meurt la femme se retrouve sans ressources. Les conseillers d’orientation accompagnent les jeunes dans leur prise de conscience des attentes sociales selon leur sexe. Les filles ne se voient pas assumer une position de chef à l’extérieur de la maison, les gars ne se voient pas travailler à l’intérieur. D’ailleurs, toute une conception est en jeu : dans un contexte où hommes et femmes sont appelés à travailler ensemble dans les sphères privées et publiques, il ne s’agit pas pour l’homme d’ « aider la femme à la maison ». Il s’agit pour chacun du couple de faire sa part, de partager les tâches ménagères, histoire de formater différemment les esprits .

Femmes illetrées
Un autre volet concerne les femmes d’un certain âge, illettrées qui, grâce à un microcrédit et une formation à la gestion d’activités, peuvent vivre. L’expérience montre d’ailleurs que les ressources obtenues vont d’abord bénéficier à leur mari, leurs fils, puis leurs filles, avant qu’elles ne prennent ce qui peut encore en rester.

Héritage familial
Et là notre oratrice embraye sur un thème qui visiblement lui tient à cœur : la question de l’héritage familial. Dans la loi musulmane que les chrétiens ont adoptée par pur intérêt (et vous comprendrez pourquoi), les fils héritent deux fois plus que les filles. En d’autres termes, quand le fils reçoit deux parts, la fille en reçoit une. Pour le moment, M. ne s’ingénie pas à changer cette loi, tout en remarquant que la propriété est un enjeu de pouvoir pour l’homme. Mais son combat porte sur l’application de cette loi : « Nous encourageons les femmes à exiger leurs parts. Les droits ne sont pas donnés, ils doivent être acquis. Nous devons nous battre… » Et évoquant la situation mondiale, notre interlocutrice s’enflamme : « Je ne revendique aucun système économique particulier… Les richesses du monde sont entre les mains de 10 % de la population. Personne ne devrait avoir faim, chacun, chacune devrait avoir droit au respect de sa dignité. Certains revendiquent ouvertement leur terrorisme, d’autres le pratiquent sans le dire… »

Le manifeste de Jésus
Pour plusieurs de notre groupe, ces paroles ont résonné avec le texte de Luc que nous avions entendu la veille. Lors de notre visite dans le village de Nazareth reconstitué au temps de Jésus, nous étions rassemblés dans la synagogue. L’acteur Jésus a pris le parchemin pour lire le passage de Luc 4 :
« L’Esprit du Seigneur est sur moi,
Il m’a choisi pour apporter la Bonne Nouvelle aux pauvres,
Il m’a envoyé pour proclamer la délivrance aux prisonniers,
et le don de la vue aux aveugles,
pour libérer les opprimés,
pour annoncer l’année où le Seigneur manifestera sa faveur. »

La visite des lieux saints dans le Vieux Jérusalem nous expose aux enjeux de pouvoir autour de la revendication de propriété du mont du Temple , du Mur des Lamentations, du Dôme du Rocher. Juifs, musulmans, chrétiens ont leur histoire et leurs arguments pour y installer jusqu’à leur sépulture. Elles se bousculent sur le Mont des Oliviers. Jésus n’est pas seulement venu nous libérer de l’oppression dans la relation homme et femme. Toute relation humaine est au bénéfice de son œuvre de transformation.

Marianne Goldschmidt

Photo : Ruedy Nussbaumer. Femme palestinienne devant le mur.

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