Mission de coordination après le typhon Haiyan aux Philippines (2)

 Dans Blog, Philippines

Deuxième envoi de nouvelles depuis l’ïle de Leyte aux Philippines, à l’est du pays.

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Photo : Byron Pantoja

Je vais souvent parler de l’équipe alors il est peut-être temps de la présenter : nous sommes une équipe de sept personnes, deux sont à la coordination et cinq sur le terrain. Je fais partie de la « field team », sur le terrain donc, avec Dann (Pantoja) à la direction des opérations, David en diplomate, Byron à la photographie et à la technique, Toto à la technique et au volant du 4 x 4, et moi-même à la rédaction. Il y aurait beaucoup à dire sur chacun, mais je veux essayer d’être concise.

A la coordination sont Prem et Dan-avec-un-seul-n, deux Indiens qui ont été appelés ici par Philippine Council of Evangelical Churches. Prem a pour rôle de noter et d’analyser les données des missions, et Dan est là pour les traduire en chiffres et organiser la logistique. Ils sont à l’hôtel d’Ormoc depuis trois jours et ils piaffent d’impatience d’aller voir le terrain.

Nous avons reçu un rapport des Nations Unies qui faisait le point sur les besoins des différentes villes de Leyte. Tous les premiers efforts nationaux et internationaux ont été dirigés sur Tacloban, capitale de la province dévastée par le typhon, aux dépens parfois des plus petites communes. Le rapport décrivait brièvement l’étendue des dégâts dans les autres villes et datait du 28 novembre, date à laquelle plusieurs villes du sud-ouest, du nord-ouest et du sud-est de Leyte n’avaient jamais vu les secours.

 

Etat des lieux

Mais nous sommes déjà le 1er décembre et les choses vont vite, nous décidons donc d’aller faire un nouvel état des lieux. Nous prenons la voiture à l’aube (aparté : je vais arrêter de dire “à l’aube”: sachez simplement que la chaleur est intense dès 8 h du matin et l’électricité rare : nous allons nous coucher en début de soirée et commençons nos journées, ben… à l’aube) pour faire le tour de l’île et chercher des informations plus récentes. Si nous trouvons des villes où les secours ne sont pas passés, nous avons pour mission d’évaluer les besoins et de mettre rapidement en place un système d’aide.

Nous traversons des villes désolées. Les arbres sont tombés sur les maisons, des voitures ont volé, certaines maisons ont été complètement arrachées, mais il reste parfois un bout de structure, quelques murs, ou des morceaux de toit. “Please help us” [s.v.p. aidez-nous] est tagué sur les murs, inscrit sur des pancartes en carton ou des morceaux de tissu. Le nombre de morts n’est toujours pas connu, mais il semblerait que le total dépasse largement ce qui est officiellement annoncé.

A Tacloban aussi les dégâts sont immenses, mais les rues commencent à être dégagées. C’est difficile de donner une idée de l’ambiance dans la ville et dans les maisons. A côté des pancartes « We need help » [Nous avons besoin d’aide], on en voit d’autres, pleines d’espoir: « We will rise up » [nous nous relèverons] ou « Thank you for your help » [merci pour votre aide].

 

Le meilleur et le pire

Il semble que le typhon a éveillé le pire comme le meilleur chez les gens, et il n’a pas causé que des dégâts visibles. A Tacloban, nous passons à côté d’une immense église intacte, une belle église en béton bleu ciel. Alors que je l’admire, j’apprends que durant le typhon, le pasteur n’a pas voulu laisser entrer les voisins. L’église est maintenant debout au milieu d’un champ de ruines. Je vous laisse imaginer l’atmosphère maintenant dans le voisinage et la communauté chrétienne…

Sur notre route, de nombreuses personnes nous mettent en garde : durant le typhon, les prisons ont aussi été détruites, et plusieurs prisonniers sont maintenant en liberté. A Palo, ils se sont même liés avec les gardiens de prison pour piller les premiers secours. La police et l’armée effectuent des contrôles réguliers sur les routes pour essayer de les retrouver. Le soir, un pasteur nous accueille sur le terrain de l’école biblique qu’il dirigeait. Un des bâtiments de l’école est resté dans un état correct, et est devenu un abri pour les chrétiens de la région. Mais le pasteur s’est senti obligé d’embaucher des gardes armés pour protéger l’école…

Salomé Haldemann

voiture

Photo : Byron Pantoja

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