Marcher libres au travers d’un monde qui veut nous attacher
Que dit la Bible concernant la marche et la marche de la foi ? Gros plan sur l’évangile de Luc, par un pèlerin chevronné du chemin de Compostelle, qui aime justement allier marche et foi.
Le ministère de Jésus est essentiellement itinérant. Il va de village en village et ne s’installe presque jamais dans un lieu fixe. Dans l’évangile de Luc, en particulier, la marche de Jésus est le signe de sa liberté fondamentale. Au moment, par exemple, où ses familiers de la synagogue de Nazareth veulent le précipiter du haut d’un à-pic, lui passe au milieu d’eux et « va son chemin » (Lc 4.30).
APPEL À BOUGER !
Une large section de cet évangile (9.51-18.44) est consacrée à la marche de Jésus vers Jérusalem qui se termine le jour des Rameaux. Au fil des étapes, Jésus rencontre des personnes qui ne veulent pas le suivre, car elles sont trop attachées aux situations dans lesquelles elles vivent. Certains restent prisonniers des liens familiaux (9.59-62) ; d’autres de conflits familiaux mal réglés (12.13-15). Le jeune homme riche est tétanisé par l’ampleur de ses richesses (18.18-26). à tous ceux qu’il rencontre, Jésus adresse un appel : viens et suis-moi ! Au sein de ce groupe de marcheurs, chacun apprend à vivre libre, à traverser les situations sans s’y laisser enfermer (9.52-55).
NE PAS S’ENCOMBRER !
Lorsque Jésus envoie des disciples au-devant de lui, il les appelle à la légèreté : « N’emportez pas de bourse, pas de sac, pas de sandales » (10.4). Qui marche sait ce que les précautions inutiles pèsent. Sans aller jusqu’à l’absence totale de sac, on est obligé, lorsque l’on part pour plusieurs jours, de limiter au maximum la liste des objets qui, en temps normal, paraissent indispensables. Et pour le reste, on est dépendant des circonstances, des personnes et des lieux qui nous accueillent. Sur la route, on peut rencontrer des brigands, autant que des bons Samaritains ou des auberges (10.29-35). Ce n’est pas une vie de sécurité, mais c’est une vie libre.
L’ÉVANGILE SE MARCHE !
L’appel et le mode de vie de Jésus tournent le dos, en fait, à la plupart des choix dominants du monde d’aujourd’hui. Dans nos sociétés bunkérisées derrière leurs frontières (et pas seulement au niveau national), au milieu de l’abondance qui provoque plus d’inquiétudes que de joies, face aux cocons qui nous étouffent plus qu’ils ne nous protègent, au milieu de nos tentatives dérisoires pour maîtriser les événements ou les réactions des autres, Jésus nous appelle à nous mettre en route. L’évangile se marche !