C’est un rempart que notre Dieu
En cette période de 500e anniversaire de la Réforme, voici un cantique qui fait partie des représentants les plus connus de l’hymnologie protestante.
C’est l’assurance chantée par tout un peuple au psaume 46 qui a servi d’inspiration à Martin Luther pour son célèbre choral. L’intention du réformateur est claire. La communauté des croyants a besoin d’être rassurée : avec l’aide de Dieu, nul doute que le Bien triomphera du Mal.
Les mots « rempart » et « invincible armure » (str. 1) ancrent en Dieu une défense sans faille et une délivrance certaine, quelles que soient la nature et la violence des assauts que pourraient subir les croyants.
Face à la menace, la communauté reconnaît sa faiblesse (str. 2) et confesse l’identité de son défenseur : « C’est Toi, divin Sauveur » (« Jésus-Christ » dans la version originale). Les paroles du choral relient ainsi la puissance du Dieu de l’univers du psaume 46 et l’action libératrice du Christ.
Les forces du mal liguées contre l’Église (str. 3) seraient-elles une allusion aux visions qui tourmentaient parfois Luther ?
Le choral termine par une certitude : un mot du Dieu fort assurera la victoire. Sa grâce est la plus forte, son Royaume est pour les siens.
REPRISES
Malgré son vocabulaire guerrier et un brin désuet pour nos oreilles modernes, la force de ce choral n’est certainement pas étrangère à l’usage qu’en ont fait de nombreux compositeurs, tels Mendelssohn dans sa symphonie n° 5 Réformation ou, plus proche de nous, Marius Constant dans son Éloge de la Folie où cette mélodie, jouée au grand orgue, succède avec puissance aux bruits de bataille. Un message pour notre temps ?
C’EST UN REMPART QUE NOTRE DIEU
1. C’est un rempart que notre Dieu :
Une invincible armure,
Notre délivrance en tout lieu,
Notre défense sûre.
L’ennemi contre nous
Redouble de courroux,
Vaine colère !
Que pourrait l’adversaire ?
L’Éternel détourne ses coups.
2. Seuls, nous bronchons à chaque pas,
Notre force est faiblesse ;
Mais un héros, dans les combats,
Pour nous lutte sans cesse.
Quel est ce défenseur ?
C’est Toi, divin Sauveur !
Dieu des armées,
Tes tribus opprimées
Connaissent leur libérateur.
3. Que les démons forgent des fers
Pour accabler l’Église ;
Ta Sion brave les enfers,
Sur le rocher assise.
Constant dans son eff ort,
En vain avec la mort,
Satan conspire ;
Pour saper son empire,
Il suffit d’un mot du Dieu fort.
4. Dis-le, ce mot victorieux,
Dans toutes nos détresses ;
Répands sur nous du haut des cieux
Tes divines largesses.
Qu’on nous ôte nos biens,
Qu’on serre nos liens,
Que nous importe !
Ta grâce est la plus forte
Et ton royaume est pour les tiens.
PAROLES ET MUSIQUE : MARTIN LUTHER,
TRADUCTION DE A. H. L. LUTTEROTH (1845)
Pour aller plus loin…
• Partition : Alléluia 37-01 ou JEM 86
• Version audio (interprétation du Jurassic Praise Band)
• Félix Mendelssohn-Bartholdy, Symphonie No 5 Réformation (1829-30) Le choral est annoncé par la flûte au 4e mouvement.
• Marius Constant, Éloge de la Folie (1966) L’orgue s’impose vers 30:45.