Dire Dieu : Il est question d’amour
Se plonger dans le regard d’amour de Dieu conduit vers le prochain, en dépassant la peur de paraître vulnérable et avec de la joie au coeur. Réflexion spirituello-missiologique, par Jane Maire.
Avant de considérer le « comment parler de Jésus-Christ ? », et le contenu de ce que nous voulons dire, je propose de commencer avec le « qui est Jésus-Christ pour moi ? » et « qui suis-je, moi ? ». C’est ce que j’ai découvert durant une vingtaine d’années de cheminement avec Jésus. Cela a commencé avec une redécouverte de Jésus au travers des Évangiles. Comment cela ?
GAGNÉS PAR L’AMOUR
De retour en Europe après 15 ans en Afrique, je me suis retrouvée sur un continent très différent de celui que j’avais connu. Peu à peu, un cri du cœur s’est formé en moi : « Seigneur, au secours ! J’aimerais tellement parler de toi aux autres, mais ma bouche reste fermée. » La réponse m’est venue alors que je préparais une étude biblique sur le fils prodigue. Comme c’était mon habitude, j’ai examiné le contexte dans lequel Jésus a raconté cette parabole. J’avais depuis peu commencé à intégrer la méditation imaginative ignacienne¹ et quand je me suis plongée dans la scène qui nous est dépeinte par Luc au début du chapitre 15, je suis restée bouche bée. Jésus était entouré de personnes peu convenables, et pourtant il était à l’aise avec elles. C’était le monde à l’envers ! Je me suis trouvée alors aspirée par le désir de vouloir être comme lui, accueillante envers les gens, au lieu de les juger ou de les fuir.
TRANSFORMÉS PAR L’AMOUR
Quand le regard d’amour que Jésus pose sur nous donne envie de le faire connaître, nous ne sommes plus dans le « je devrais », mais dans le « j’aimerais ». Ce changement d’attitude et de regard nous permet de prendre le pas sur la peur et d’oser faire des choses qu’on n’arrivait pas à faire auparavant.
Le regard accueillant de Jésus nous permet de prendre conscience de notre humanité faillible sans crainte. Nous avons tant besoin de nous voir comme Lui nous voit, de nous laisser aimer et accueillir comme nous sommes, tout simplement ; d’expérimenter l’amour de Dieu, Père, Fils et Saint- Esprit, sans conditions. Son regard nous construit, nous permet de nous accepter, de nous aimer et même de rire de nous-mêmes ! Ainsi, nous devenons plus spontanés, de plus en plus à l’aise quand nous sommes pris « en flagrant délit d’humanité » ! Nous osons répondre, par exemple, « je ne sais pas, mais je vais y réfléchir » sans nous sentir mal à l’aise.
PROPULSÉS ET ACCOMPAGNÉS PAR L’AMOUR
Cet accueil de moi-même par Jésus, puis par moi-même, m’a permis de remarquer les gens autour de moi, de les voir vraiment : dans la rue, dans le train, dans le parc, à la plage, à la caisse du supermarché et de les écouter attentivement. J’ai commencé à prendre plaisir à découvrir mes semblables. Au lieu d’être focalisée sur moi-même, mon attention s’est portée sur eux. Je suis descendue de mon piédestal chrétien et j’ai découvert combien nous avons en commun. N’est-ce pas pour cela que Jésus est devenu humain, pour être vraiment comme nous ?
Un jour, après avoir médité sur Jésus, je suis sortie de chez moi pour acheter à manger. J’ai vu une connaissance de l’autre côté du carrefour et une pensée m’a traversé l’esprit : « Va vers elle. » J’ai obéi, et me suis trouvée en face d’une personne en larmes, désespérée. Dès ce moment, sans m’en rendre compte, je suis partie à la découverte d’un chemin d’incarnation, à la suite de Jésus, qui a planté sa tente en plein milieu de notre pétrin. En somme, ce fut une vraie école de faire par amour.
J’ai commencé à prendre conscience aussi que je n’étais pas seule, que le Saint-Esprit était déjà en train de travailler autour de moi, dans mon entourage, mon quotidien, comme Jean nous le rappelle dans son évangile (Jn 16.5-11). Comme coéquipière, j’étais bien plus détendue, et j’ai trouvé cela génial !
« Prenez mon joug sur vous, et vous trouverez le repos, car mon joug est doux et mon fardeau léger », nous dit Jésus. Quelle merveilleuse image que celle de se voir travailler avec lui en tandem win-win [gagnant-gagnant] ! Il fait sa part, moi je fais ce que je comprends être la mienne, et c’est reposant, car c’est lui qui guide et qui porte la responsabilité finale.
QUESTIONS À SE POSER POUR ALLER PLUS LOIN
• Qui est Jésus pour moi ? Qu’est-ce qui me passionne en lui ? Ai-je besoin de le redécouvrir ?
• Est-ce que j’ose suivre la pensée, l’impulsion que je reçois, sachant qu’il est permis de se tromper ? Entamer une conversation avec le voisin de palier, le collègue de travail ; offrir des fleurs de son jardin. Cultiver ainsi l’art de faire des petits pas.
• Est-ce que j’ai l’habitude de revoir mes journées et de m’encourager en regardant ce que j’ai fait ?
• Qu’est-ce que je fais quand je pense avoir fait tout faux ? Débriefer avec le Seigneur et repartir ?
• Qui sont mes connaissances ou amis hors de l’Église ? Quels petits pas pourrais-je faire pour les rejoindre ?
Jane Maire, retraitée de Wycliffe Suisse, Eglise évangélique de l’Abri, La Neuveville (CH)
Note
1. Ce qui est au cœur de cette méditation, c’est la rencontre avec le Seigneur au travers d’un texte des évangiles. Grâce « aux yeux de mon imagination », je vais entrer dans le récit en question, contempler le Seigneur en action, en m’ouvrant à lui, et en me laissant rencontrer par lui. Dans un deuxième temps, je discerne l’effet en moi qu’a eu cette rencontre. Pour la pratiquer, voir mon livret, Atelier Saveurs, Section II.
Pour aller plus loin…
Jane Maire, Atelier Saveurs, Communiquer la saveur du Christ, disponible en ligne ici.