T comme Taizé
La communauté de Taizé, en Bourgogne, a été fondée en 1940 par Roger Schutz (1915-2005). Consacré pasteur à Neuchâtel, frère Roger allait faire renaître, à proximité de l’ancienne abbaye de Cluny, un monachisme d’origine protestante avec une vocation de réconciliation et d’unité entre chrétiens. Taizé abrite aujourd’hui une centaine de frères, protestants et catholiques, unis autour de leur prieur, frère Alois, pour devenir « parmi les hommes un signe d’amour fraternel » (Règle de Taizé). En réponse à l’appel du Seigneur à le suivre, ils sont portés « à l’audace d’un oui jusqu’au dernier souffle » (Sources de Taizé). Des milliers de personnes, surtout des jeunes, se rendent à Taizé chaque année pour se ressourcer, pour une expérience spirituelle de prière, d’écoute de la Parole de Dieu et d’unité fraternelle.
PARABOLE DE COMMUNION
Le désir de vivre dès maintenant une « parabole de communion » ne rejoint-il pas la volonté des anabaptistes de former des communautés de croyants, engagés à la suite de Jésus pour manifester concrètement la réalité de son règne ?
Menno Simons (v. 1496-1561) insistait sur la signification actuelle du salut, sur une nouvelle naissance qui sanctifie l’existence, par la foi et le don du Saint-Esprit. Un frère de Taizé a écrit : « Qui suit [Jésus] passe par un enfantement. C’est aussi douloureux qu’une naissance humaine, mais le bonheur qui en découle n’est pas moins grand. Car on participe déjà à une nouvelle création. » J’ai pu confier à ce frère que ses lignes étaient proches de la spiritualité anabaptiste. Il a souri en me confiant qu’il avait, entre autres, des origines mennonites…
La communauté de Taizé offre à des jeunes venus de toutes les Églises et du monde entier une étape dans leur cheminement spirituel, qui peut les conduire à donner leur vie au Seigneur. Le même frère a encore écrit : « Suivre Jésus ne se comprend que sur le plan de l’amour. Qui suit Jésus peut se savoir porté par l’amour même de Dieu. […] En nous laissant attirer par cet amour [de Jésus], nous pourrons aller au-delà de nous-mêmes. Il n’attend pas seulement de nous que nous l’aimions. Il nous donne de l’aimer. Il nous le donne en mettant en nous son Esprit. »
Sur une colline de Bourgogne, près d’une vieille église romane, le Christ appelle aujourd’hui des centaines de personnes à le suivre, et à vivre quelque chose de l’unité qu’il réclamait pour ses disciples (Jn 17.20-24). Nous ne saurions ignorer un lieu aussi porteur d’espérance.
« A ceci, tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » Evangile de Jean 13.35