La Bible dit-elle du bon de la beauté ?

 Dans Christ Seul

Les mots hébreux et grecs qui peuvent être traduits par « belle », « beau » ou « beauté » sont loin de dominer le vocabulaire biblique. Ils parlent, la plupart du temps, de la beauté physique. Quelques exemples : ils décrivent des femmes (Sara, Rachel, Abigaël, les filles de Job, la reine Vasthi) et des hommes (Joseph, Moïse, les yeux et l’apparence de David, Absalom). Ils peuvent qualifier la ville de Jérusalem, Dieu, le roi de Tyr, la nature ou un bâtiment (la Belle Porte).

LA BEAUTÉ PHYSIQUE …

Cette beauté physique est un don gratuit, non mérité, qui nous dit quelque chose de Dieu. Elle incite à nous tourner vers Dieu, l’origine de la beauté, et suscite de la reconnaissance. Deux textes juifs deutérocanoniques, le Siracide et la Sagesse, le soulignent : « Vois l’arc-en-ciel et bénis celui qui l’a fait, il est si beau dans sa splendeur. » (Si 43.11) et « Car la grandeur et la beauté des créatures conduisent par analogie à contempler leur Créateur. » (Sg 13.1-5)

… ET SES PIÈGES

En même temps, la Bible nous avertit des pièges liés à la beauté. Nous sommes tentés de nous enorgueillir et de croire que nous sommes créateurs et propriétaires de cette beauté. Le danger est de ne pas la reconnaître comme un don de Dieu qui trouve sa source en Dieu. Ezéchiel souligne cette tentation en parlant du roi de Tyr (« Ton cœur s’est enorgueilli à cause de ta beauté. » (Ez 28.17) et aussi de la beauté de la femme infidèle, image du peuple de Dieu (Ez 16).

Un second piège est de nous arrêter à l’esthétique extérieure et de faire abstraction de ce qui est à l’intérieur. Les Proverbes parlent de la futilité de la beauté : « La grâce est trompeuse et la beauté futile ; la femme qui craint le Seigneur, voilà celle qui sera louée. » (Pr 31.30). Il ne faut pas se laisser séduire par la beauté d’une femme mauvaise, mais plutôt s’en méfier (Pr 6.24-25). Le Nouveau Testament rappelle aussi ce danger de ne voir que l’extérieur : « Quel malheur pour vous, scribes et pharisiens hypocrites ! Vous ressemblez à des sépulcres blanchis qui paraissent beaux au dehors, et qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute espèce d’impureté. » (Mt 23.27). En d’autres termes, la Bible affirme le principe de ne pas être obnubilé par ce qui frappe les yeux en faisant fi de l’intérieur, car le Seigneur voit au cœur (1S 16.7).

BEAUTÉ MORALE …

Mais dans la Bible, l’adjectif « belle » ou « beau » ne s’emploie pas qu’au niveau de la beauté physique. Il peut aussi désigner la beauté morale, éthique. On en trouve un exemple en Esaïe 52.7 : « Qu’ils sont beaux, sur les montagnes, les pas [les pieds] de celui qui porte la bonne nouvelle, qui proclame la paix… », verset repris par Paul en Romains 10.15. Ce texte ne parle pas de la beauté physique du pied, mais est à comprendre au sens moral.

Le Siracide parle aussi de la beauté morale, de ce qui est bon. « Il est trois choses… qui sont belles aux yeux du Seigneur et des hommes : la concorde entre frères, l’amitié entre voisins, une femme et un homme en parfait accord » (Si 25.1). L’unité et l’entente sont des valeurs et des comportements vus comme beaux.

Mais quand on parle de la beauté dans la Bible, faut-il se limiter aux versets qui emploient le mot ? La Bible ne raconte-t-elle pas des gestes beaux et des attitudes belles au sens moral, sans employer le mot « beauté » ?

… PAR DES GESTES

Prenons, par exemple, le geste de Jésus de toucher un lépreux. Jésus aurait pu le guérir en prononçant un mot, sans le toucher. Mais par ce geste gratuit, étonnant et inhabituel, le lépreux est sûrement « touché », rejoint profondément. Par ce toucher non intrusif et non possessif dont il était privé depuis longtemps, le lépreux est reconnu comme une personne. Ce geste manifeste le caractère de celui qui le pose et exprime son respect et son amour envers le lépreux.

Le lavement des pieds des disciples (Jn 13) est aussi un beau geste. Ce geste banal et quotidien dans la culture d’alors était pratiqué par un serviteur envers son maître. Cependant, ce geste de Jésus, le Maître, n’est pas un simple acte fonctionnel dont le but est d’enlever la poussière des pieds des disciples. Il est un geste inattendu, un don désintéressé et porteur d’une signification profonde. Il est chargé de sens et exprime une réalité au-delà des mots. Il révèle le pardon et la purification continuelle, qui est un bienfait de la vie du Christ offert, et aussi sa vie vécue dans l’humilité et le service des autres. Un beau geste, au sens moral, manifeste des vertus.

… PAR DES ATTITUDES

Dans la Bible, nous trouvons aussi des attitudes qui sont belles. Prenons l’exemple de David qui ne se venge pas en tuant Saül alors qu’il en a l’occasion. Ou encore la réaction de Marie à l’annonce de l’ange Gabriel disant qu’elle enfantera le Messie. à la question « Comment cela sera-t-il possible ? », l’ange répond : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. » La réponse de Marie devant une « explication » si floue et imprécise est étonnante et inattendue. Face à l’incertitude de ce « oui », elle manifeste une attitude d’abandon confiant. Elle fait don d’elle-même et exprime des vertus d’amour, de confiance et d’espérance.

Au fond, la beauté physique et la beauté morale sont des dons gratuits qui révèlent quelque chose de la personne de celui qui l’offre et aussi de celui qui les reçoit.

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