Gilets jaunes : un cocktail explosif ?

 Dans Christ Seul

Arrêté à un rond-point en ce samedi, je suis interpellé : « Il est où ton gilet ? Tu aimes Macron ? » Je suis surpris par la question, comme tant d’autres, et par ce mouvement inédit des gilets jaunes qui secoue notre pays depuis deux mois. Au-delà du caractère éruptif de l’esprit gaulois, une fois le feu des palettes retombé, quel sens donner à cette mouvance ?

CRISES

C’est une crise qui se nourrit des fractures sociétales françaises et des inégalités croissantes dans les pays riches. Pourtant, avec un taux d’inégalité de 0,30, la France est dans la moyenne de l’Europe, proche de l’Allemagne et de la Suisse¹. Alors pourquoi cette haine ?

C’est une crise de la représentation politique française. De fait, depuis la victoire écrasante de la majorité actuelle, les partis et les corps intermédiaires (syndicats, élus locaux…) ont été mis hors jeu ; cela ne date pas d’hier, mais le « dégagisme » macronien a été coloré d’un certain mépris de la part de la majorité en place.

Enfin, c’est une crise de la communication où la dictature de l’instantané et des « communautés » virtuelles (« fakebook ») prend le pas sur les médias classiques et l’information « validée ». Dans un sens, Emmanuel Macron est d’une autre époque, … de la mienne, puisque ce n’est pas une question d’âge : il lit des livres de philosophie, et parle sans notes au lieu de distiller des propos haineux et de tweeter en direct avec son électorat. Ni lui ni ses ministres n’ont été assidus sur les réseaux sociaux, sans quoi ils auraient étalé les réformes, ou au moins « musclé la jambe gauche » de leur politique autant que la droite.

RÉCUPÉRATION PAR LES EXTRÊMES ?

Le régime semble prendre au sérieux l’ampleur de la crise et veut désamorcer la grogne devenue colère. Face à ses propositions, il est de mauvaise foi de parler de « mesurettes » ou d’enfumage. Les derniers gilets jaunes s’apparentent plus à des anarchistes qu’à des citoyens sincères. En outre, l’immaturité des >25 % qui ont voté Macron par défaut au second tour a de quoi inquiéter : leur déception et leur volonté de référendum-table-rase fait le lit des extrêmes populistes et violents. Les aînés partagent ce verdict : cela ressemble à s’y méprendre à un cocktail qui, quoique de composition différente, a conduit les années 1930 à une terrible nouvelle déflagration.

POINT DE VUE CHRÉTIEN

Que peut signifier être chrétien dans ce contexte ? Je risque quelques propositions.

• Ne pas céder aux sirènes populistes qui vouent aux gémonies les autorités élues démocratiquement et font miroiter un « grand soir » de droite ou de gauche.

• Se garder d’identifier le Royaume de Dieu à une tendance politique, à un parti, encore moins à un homme providentiel : le vote du chrétien sera toujours pour un moindre mal, un vote « par défaut ». L’ordre moral porté par des conservateurs qui défendent la famille ne vaut pas mieux que la « justice sociale » des gens de gauche sans éthique personnelle.

• Participer à la concertation citoyenne même si elle peine à se mettre en place.

• Permettre dans nos communautés un dialogue respectueux et apaisé.

Sur tous ces points, le pari n’est pas gagné. Que Dieu nous vienne en aide !

 

Note

1. https://data.oecd.org/fr/inequality/inegalite-de-revenu.htm)

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