Réalité

La française Jeanne Calment a vécu jusqu’à l’âge de 122 ans. L’athlète Usain Bolt a couru le 100 m en 9 secondes 58. L’apnéiste Stéphane Mifsud a retenu son souffle durant 11 minutes 35.

Ces prouesses nous fascinent : le corps humain est doté de facultés prodigieuses. Les dons naturels, l’entraînement, l’obstination permettent à certains individus de les déployer au-delà de ce qui était imaginable.
Cependant, depuis les années 1990, les records sportifs deviennent rares et les scientifiques s’interrogent sur les limites qui ne pourraient pas être dépassées. Car, en même temps qu’elles repoussent les bornes du possible,
ces performances dessinent les frontières des capacités humaines.

Plus loin, plus vite, plus fort, plus longtemps : l’être humain a des rêves démesurés. Son corps le ramène à la réalité. Je ne peux pas vivre éternellement : je ne suis pas Dieu. J’ai besoin d’oxygène, d’eau, de nourriture, de repos : je dépends de Ses soins. Ce corps, si perfectionné et si vulnérable, dont le Créateur m’a dotée, me rappelle ma condition humaine. Il m’ancre à l’ici et au maintenant de ma vie. Je ne peux pas subsister en-dehors
de lui : il fait partie de moi.

Comme le reste de la création, le corps est marqué par la fragilité, le péché, la mort. En cela aussi, il nous rappelle notre condition d’humains, séparés de Dieu. Dans les Églises, une certaine prudence entoure cette partie de
nous-mêmes. Elle ne devrait pas aller jusqu’au tabou. C’est justement parce que le corps être l’objet de tant d’excès, de violences, de souffrances, qu’il importe de ne pas détourner les regards. Le CNEF – Conseil National des Évangéliques de France – a choisi de regarder en face le fléau des abus sexuels, dont les communautés et œuvres chrétiennes peuvent, aussi être le théâtre. Il s’agit, pour l’Église, d’être en cohérence avec le message qu’elle proclame.

C’est revêtu d’un corps humain que Dieu s’est fait connaître à nous. Il ne nous demande pas de battre des records mais, jour après jour, de le suivre avec nos dons, nos capacités et nos limites.