Violences conjugales… et dans nos Églises ?

 Dans Christ Seul

En France, tous les deux jours et demi, une femme meurt tuée par son conjoint (ou son ex). En 2022 elles furent 147¹. Ce n’est que le haut de l’iceberg. Si l’on considère toutes les formes de violence, physique ou sexuelle, verbale, psychologique, économique ou spirituelle, on arrive au chiffre terrifiant de deux millions de femmes victimes de violence au sein de leur couple, c’est-à-dire 10 % des Françaises de 18 à 75 ans. Cela veut aussi dire quatre millions d’enfants qui sont exposés aux violences conjugales.

UNE AMIE , UNE SŒUR , UNE COLLÈGUE …

Regard. Crédit Louis Galvez.

Derrière ces chiffres effroyables, mettons des visages, des noms, une amie, une sœur, une collègue, une fille, une voisine. Ce ne sont pas des anonymes : vu l’importance des chiffres, ce sont des femmes de notre entourage ! Et même dans nos Églises ! Oui la violence conjugale existe dans nos communautés chrétiennes, évangéliques ! On trouve même des pasteurs parmi les auteurs de violence. « Chrétien et violent », cela paraît inconciliable ! Pourtant les chiffres sont bien réels… Des enseignements pseudo-bibliques sur la soumission de la femme renforcent le poids du silence et la difficulté pour des victimes de parler, d’oser dire « non ». Aucune violence, physique, psychologique, économique, sexuelle ou spirituelle, ne peut être légitimée par des versets bibliques.

DANS LA PREMIÈRE ÉGLISE

Paul encourageait les chrétiens à ne pas avoir de contact « avec quelqu’un qui, tout en se donnant le nom de chrétien, vivrait dans la débauche, serait envieux, adorateur d’idoles, calomniateur, ivrogne ou voleur » (1Co 5.11). Le voleur, ici désigné par le mot harpax, qui signifie « rapace » (un loup rapace, féroce), se distingue des voleurs habituels (kleptai) par son esprit violent. Et dans la liste des qualités pour qu’une personne puisse se voir confier des responsabilités (1Tm 3.3, Tt 1.7), Paul emploie deux fois un mot rare : « Qu’il ne soit ni buveur ni agressif, mais bienveillant et paisible. » Ce mot grec signifie « celui qui frappe, qui aime frapper ». Malheureusement ce comportement de violence se trouvait chez des chrétiens.

DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Dans l’Ancien Testament, on trouve de nombreux récits de couples où l’homme fait preuve de brutalité : mentionnons Agar, la servante étrangère utilisée comme esclave sexuelle puis renvoyée par Abraham dans le désert, par deux fois, avec comme seule issue pour elle qui est enceinte, puis pour son fils, la mort (Gn 16 et 21). Il y a également Sara, que son mari Abraham vend au pharaon qui abuse d’elle avant de la renvoyer quand il réalise qu’elle est mariée (Gn 12.11-16). Il y a aussi Abigaïl, femme intelligente, belle et rusée, diplomate, mariée à une brute épaisse, Nabal (1Sa 25.3), décrit comme brutal, dur, méchant, malfaisant et porté sur la boisson. Je passe la pire de ces histoires, la concubine du lévite découpée en morceaux par son mari après un viol en réunion en Juges 19…

Pourquoi la Bible nous a-t-elle transmis ces récits sordides ? La Bible est réaliste, ces textes sont comme l’écho du cri de toutes ces femmes, nos sœurs, qui, à travers l’Histoire et aujourd’hui encore, subissent cette maltraitance. Le mal existe, il faut le nommer, le dénoncer, le considérer comme une conséquence de la Chute, un péché condamnable.

LES INSTRUMENTS DU DIEU DE JUSTICE

Mais ce n’est pas la fin de l’histoire… L’ensemble des Écritures enseigne que le Dieu de justice n’abandonne pas les femmes à cette oppression. Il est le « soleil de justice qui porte en ses rayons la guérison » (Ma 3.20). Lorsqu’Agar se trouve au désert, abandonnée, Dieu intervient et la bénit. Elle va alors donner un nom à Dieu, El Roï, « le Dieu qui me voit » (Gn 16.13). C’est le seul exemple de l’Ancien Testament où quelqu’un assigne un nom à la divinité. Toutes les victimes, Dieu les voit !

Mais son action passe aussi par nous, nous sommes ses instruments pour soulager la détresse de ces femmes. Il nous appartient de nous former pour comprendre l’emprise dans laquelle elles se trouvent. Creusons les textes bibliques qui ont été instrumentalisés pour (re)découvrir combien la Bible est une bonne nouvelle pour les femmes aussi !

Rappelons-nous les paroles de Martin Luther King, prix Nobel de la paix, pasteur protestant baptiste : « Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons. »

 

¹ En Suisse, 1 femme sur 10 vit dans un contexte actuel de violence conjugale. Voir http://centrelavi-ge.ch/

 

POUR ALLER PLUS LOIN…

• Un numéro d’aide : 3919, numéro anonyme et gratuit pour l’écoute et l’orientation à destination des femmes victimes de violences sexistes, accessible 24h/24, 7j/7.

• Une association à soutenir : Une place pour elles, association de sensibilisation sur les violences conjugales (uneplacepourelles.fr) dont Valérie Duval-Poujol est la présidente.

• Un site pour se former : ouvronslabible.com (formation en visio-conférence proposée toute l’année par Valérie Duval-Poujol).

 

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