Euthanasie et suicide assisté : choisir la vie !

 Dans Christ Seul

« Le grand argument est qu’il faut abréger les souffrances. Mais lui, c’est le désespoir qui le guidait. » Ce jour d’été 2022 à Bruxelles, Claire Dierckx, 29 ans, me raconte l’euthanasie de son père, qui souffrait de la même maladie neurodégénérative qu’elle et sa sœur jumelle. Depuis 2002, la Belgique autorise l’euthanasie pour souffrance physique ou psychique « insupportable », résultant d’une affection « incurable ». Monsieur Dierckx est mort à domicile, de la main de deux médecins, en 2020.

FACE À LA SOUFFRANCE

Sans juger cet homme, ni toute personne qui choisit de mourir ainsi, cette histoire m’aide à penser que la France ferait une grave erreur en autorisant l’euthanasie (le médecin met fin à la vie du patient) comme en Belgique et au Canada, ou le suicide assisté (la personne se tue elle-même, aidée par une association comme Exit) comme en Suisse. Pour éliminer la souffrance, ils suppriment le souffrant et coupent brutalement le fil qui le relie aux autres.

Tout autre est la vision des soins palliatifs, qui mettent en œuvre tous les moyens pour accompagner les personnes dans leur maladie ou leur fin de vie, en soulageant leurs douleurs, sans hâter ni retarder la mort. Ils offrent un temps pour s’y préparer, dans un lâcher-prise qui permet la créativité. Hélas, en France, une vingtaine de départements sont dépourvus d’unités de soins palliatifs. L’urgence est d’informer les citoyens de leurs droits et de donner les moyens nécessaires aux soignants, plutôt que d’autoriser à donner ou recevoir la mort.

Car, une fois permis, l’euthanasie ou le suicide assisté ne cessent de s’étendre. En Belgique, l’euthanasie a été ouverte aux enfants en 2014, et représente 3,1 % des décès. Au Canada, nous en sommes à 4,1 %, dont 6,6 % au Québec. Dans la plupart des cantons suisses francophones, les EMS (maisons de retraite) et hôpitaux bénéficiant de fonds publics ne peuvent pas refuser le suicide assisté dans leurs murs. En 2016, l’EMS de l’Armée du Salut à Neuchâtel, qui ne voulait pas laisser entrer Exit, y a été forcé par la Justice.

QUELLE SOCIÉTÉ CONSTRUISONS-NOUS  ?

Pense-t-on au signal envoyé à nos anciens, aux handicapés et aux malades, qui ont souvent l’impression d’être un fardeau pour la société ? En Belgique, 23,2 % des euthanasies en 2023 relèvent d’affections liées à la vieillesse (perte de la vue, de la motricité…). Potentiellement, toutes les personnes âgées sont concernées ! Cette même année, une cinquantaine de personnes souffrant de troubles psychiques ont été euthanasiées.

Nulle obligation d’être chrétien pour s’opposer à l’euthanasie et au suicide assisté. Au Portugal, le Parti communiste a milité contre leur légalisation en 2023 : « Un pays ne devrait pas créer des instruments juridiques pour anticiper la mort, alors qu’il ne garantit pas les conditions matérielles pour vivre », plaidait la députée Alma Rivera. En France, Robert Badinter, artisan de l’abolition de la peine de mort, y était également hostile. « La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie », disait-il en 2008.

LE CHOIX DE LA VIE

Crédit photo : Matteo Vistocco

La Bible peut aussi éclairer notre réflexion. Tout être humain a été créé à l’image de Dieu (Genèse 1.26) : sa valeur ne se mesure pas à ses capacités, encore moins en termes d’utilité ou de coût pour la société. Une personne, même diminuée par la maladie ou la vieillesse, ne perd pas sa dignité. « Choisis la vie » (Deutéronome 30.19), exhorte la Bible, soulignant qu’elle est un don, et que nous n’en sommes pas propriétaires : « Nul de nous ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même » (Romains 14.7).

Certes, le récit biblique ne dissimule pas la révolte de l’homme souffrant, qui peut aller jusqu’au désir de mourir. Élie et Jonas ont pu s’exclamer : « C’est assez ! Maintenant, Éternel, prends mon âme » (1 Rois 19.4). Quant à Job, il est sans doute le personnage qui nous rapproche le plus de l’euthanasie. Atteint de la lèpre, ayant tout perdu, il est en proie à une souffrance physique et psychique insupportable. « Maudis donc Dieu et meurs ! » (Job 2.9), lui conseille sa femme, n’imaginant aucune amélioration possible.

La Bible prend au sérieux ce cri de désespoir. Mais, sans y répondre par la mort, elle propose la confiance, l’abandon à Dieu, la compassion et l’amour prodigués par le prochain. Au lieu d’achever l’homme « à demi-mort » sur la route, le Samaritain « banda ses plaies » et « prit soin de lui » (Luc 10.34). C’est la vocation de la médecine : soulager, soigner, supporter. Dès lors, elle ne peut être assimilée à l’euthanasie. La main qui soigne ne peut pas être celle qui tue.

L‘AUDACE D’ESPÉRER

La Bible nous rappelle enfin que choisir la vie est un combat. Depuis l’euthanasie de son père, Claire Dierckx connaissait la tentation du renoncement. « Il y a une part de moi qui le comprend d’avoir jeté l’éponge. Je vois bien que cela va aller de pire en pire. Souvent, je me demande : “Pourquoi continuer ?” Alors, je me rappelle l’audace d’espérer ! Ce n’est pas parce que je perds mes capacités qu’il n’y a pas encore à vivre, à donner et à recevoir. » Elle ne croyait pas si bien dire : un an après notre discussion, Claire s’est mariée.

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