1000 ans… !

Le chapitre 20 du livre de l’Apocalypse parle d’un règne de 1000 ans ou millénium pendant lequel Christ fera régner la justice et la paix sur la terre. Un texte difficile qui fait débat.

Dans quelle mesure ce thème intéresse-t-il les gens à notre époque ? Interrogeons un moteur de recherche du Net en tapant « millénium ». Voici les résultats : un hôtel de luxe, un logiciel d’analyse, un site sur la formule 1 et un autre sur le regretté vélosolex… Bref, pas beaucoup de choses bien utiles, mais une impression domine : celle d’une certaine sophistication réservée à quelques initiés…
Apocalypse 20 est l’un des passages les plus difficiles de la Bible. Quel que soit le système prophétique que l’on adopte, aucune vue ne s’accorde d’une manière satisfaisante avec tous les textes bibliques.
Il s’agit donc de trouver celle qui présente un moins grand nombre de difficultés par rapport aux autres.
Quelques pistes de réflexion peuvent êtres utiles.

LE CONTEXTE PARTICULIER DU PREMIER SIÈCLE

Le livre de l’Apocalypse est destiné à un groupe d’Eglises d’Asie vers la fin du premier siècle après J.-C., probablement sous le règne de l’empereur Domitien.
A cette époque, le culte de l’empereur et la persécution des chrétiens existent depuis un certain temps en Asie. L’auteur s’adresse à une minorité en s’efforçant de lui faire comprendre le sensde l’épreuve en vue de la consolation.
Ce livre, rédigé dans un langage codé à cause de l’occupation romaine, est donc destiné à apporter l’espérance d’un avenir meilleur à des chrétiens en proie à la persécution.

INTERPRÉTATION LITTÉRALE OU SYMBOLIQUE ?

Ce qui oppose les prémillénaristes et les dispensationalistes, d’un côté, aux postmillénaristes et aux amillénaristes, de l’autre, c’est la question de l’interprétation biblique : littérale ou non-littérale.
Il faut bien convenir que l’interprétation littérale des prophéties bibliques n’est pas toujours possible. Personne ne s’attend à voir littéralement une bête qui ressemble à un lion et qui ait des ailes comme le prédit Daniel 7,4…
De plus, les auteurs du Nouveau Testament interprètent parfois l’Ancien Testament de manière allégorique ou symbolique. Par exemple, concernant la prédiction d’un retour d’Elie, Jésus a affirmé à propos de Jean-Baptiste : « C’est lui l’Elie qui devait venir ».
Mais si la prophétie ne peut pas toujours être prise au sens littéral, où placer la limite ? Le règne de mille ans fait-il allusion à une période ou à un symbole ? Exode 20,6 ou Exode 34,7 utilisent l’expression « mille ans » pour évoquer l’énormité plutôt que la durée exacte. De même les mille ans feraient-ils allusion à la puissance, à la perfection du règne de Jésus ou à une durée réelle de 1000 ans ?

FAIRE PREUVE DE TOLÉRANCE

Des divergences d’interprétations existent donc sur la nature du règne de Jésus dans Apocalypse 20. Ces divergences, sans être insignifiantes, ne devraient pas devenir une condition de communion chrétienne. Elles doivent plutôt nous stimuler à l’écoute mutuelle, mais aussi à une plus grande attention, car le refus de choisir n’est pas non plus la meilleure solution. En effet, l’option choisie a des répercussions sur l’interprétation de toute l’Ecriture et par conséquent sur notre comportement dans la vie de tous les jours.
La sophistication est donc bien au rendez-vous ; quant au fait qu’elle ne soit accessible qu’à quelques initiés… à chacun d’en décider…

LE MILLÉNIUM : QUAND ? PLUSIEURS INTERPRÉTATIONS
Ce qui différencie les interprétations, c’est la relation entre le retour du Christ et la période des mille ans de règne de Jésus-Christ décrite dans le chapitre 20 de l’Apocalypse.
Le postmillénarisme affirme que le retour du Christ aura lieu à la fin du millénium, lorsque l’Evangile aura peu à peu transformé les nations.
La position prémillénariste est la plus largement répandue chez les chrétiens évangéliques. On distingue deux nuances prémillénaristes. La première, « historique », soutient l’idée que le but du millénium n’est pas de rassembler l’Israël selon la chair dans son pays, mais de faire bénéficier l’Israël spirituel, c’est-à-dire l’Eglise, de ce règne du millénium. La seconde dite « dispensationaliste » voit le millénium avant tout comme une réalisation des promesses de Dieu à Israël, l’Eglise étant une interruption non prévue dans le programme de Dieu.
L’approche amillénariste, plus symbolique, soutient l’existence d’un millénium actuel, qui s’étend de la première venue à la seconde venue du Seigneur. Le chiffre 1000 exprime une idée, un caractère parfait, un symbole de pouvoir. L’Eglise est donc dès à présent l’Israël spirituel.

1000 ANS
1 Puis je vis descendre du ciel un ange qui tenait la clef de l’abîme et une grande chaîne à la main. 2 Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans. 3 Il le jeta dans l’abîme, qu’il ferma et scella au-dessus de lui, afin qu’il ne séduise plus les nations, jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis. Après cela, il faut qu’il soit délié pour un peu de temps. […] [Les fidèles] revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ, pendant mille ans. 5 Les autres morts ne revinrent pas à la vie jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis. 6 C’est la première résurrection. Heureux et saints ceux qui ont part à la première résurrection ! La seconde mort n’a pas de pouvoir sur eux, mais ils seront sacrificateurs de Dieu et du Christ, et ils règneront avec lui pendant les mille ans.
7 Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison, 8 et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre […] 10 Le diable […] fut jeté dans l’étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles.
APOCALYPSE 20,1-10, EXTRAITS