Fruits et fardeaux

Comment savoir pour qui voter ? Pour qui ne pas voter surtout ? Conseils évangéliques…

Les élections présidentielles ont regagné de l’intérêt, cette année. Il est vrai que le choc du 11 septembre – pardon – du 21 avril 2002, et aussi le Non au projet de Constitution Européenne, ont bouleversé les mentalités.1 On ne peut plus dire que tout est joué, ni prétendre que les tendances lourdes sont écrites d’avance, ni qu’une sorte de fatalité électorale pèse sur l’issue du scrutin. Comme certains l’ont dit : « Rien n’est plié ». Tout reste possible. Même l’impensable.
En attendant, il s’agit de penser. Et de s’exercer à discerner. Je ne suis pas un expert en pneumatologie ; c’est peut-être pourquoi j’aime bien me référer à quelques textes de simple bon sens, souvent agricole, énoncés dans la Bible, et particulièrement par Jésus. Ces paraboles ou ces comparaisons ne sont-elles pas soufflées par le Saint-Esprit, largement autant que certaines inspirations ? Avant de susciter des visions, c’est la vue que Jésus est venu rendre aux aveugles que nous sommes.

HONNÊTETÉ À VÉRIFIER

En observant les candidats à la magistrature suprême, deux textes me reviennent à l’esprit. D’abord, celui où Jésus accuse les pharisiens de bien parler mais de n’être pas exemplaires : « Faites donc tout ce qu’ils vous disent, et réglez votre conduite sur leur enseignement. Mais gardez-vous de prendre modèle sur leurs actes, car ils parlent d’une manière et agissent d’une autre. Ils lient de pesants fardeaux et les placent sur les épaules des hommes ; mais ils ne bougeraient même pas le petit doigt pour les déplacer. Dans tout ce qu’ils font, ils agissent pour être vus des hommes » (Mt 23,3-5). En matière d’honnêteté, et en matière de niveau de vie, il y a donc de quoi dire. Les « affaires », les privilèges, le niveau de rétribution de nos dirigeants politiques et surtout économiques sont des éléments sur lesquels les prétendants ont à prendre des engagements précis si l’on veut éviter des explosions sociales pires que celle de 2005.

COMPÉTENCE VÉRIFIÉE

Autre texte, arboricole celui-ci : « Vous les reconnaîtrez à leurs fruits. Est-ce que l’on cueille des raisins sur des buissons d’épines ou des figues sur des ronces ? Ainsi, un bon arbre porte de bons fruits, un mauvais arbre produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits » (Mt 7,16-18). En tant que disciples du Christ, nous sommes appelés à évaluer le goût des fruits déjà portés par les candidats, et à soupeser la crédibilité des promesses… fructueuses qu’ils nous font. Pour poursuivre dans la paraphrase, il ne suffit pas de dire « votez pour moi » pour entrer dans le Palais de l’Élysée, mais de s’engager avec une équipe aussi honnête que dévouée à faire ce qui est bon pour le pays – tout le pays.
Évidemment, il n’est pas facile de choisir pour qui voter avec de tels critères. En revanche, c’est peut-être déjà suffisant pourrayer d’office plusieurs prétendants dont la droiture, la compétence, et peut-être les deux, sont extrêmement douteuses.

POUR QUI NE PAS VOTER…

Dans ce scrutin, les personnes sont beaucoup plus éclairantes que les mots qu’elles emploient. Les mots, en gros, seront plus ou moins les mêmes, pour une raison simple : il s’agit de ratisser vers soi une majorité, et donc de plaire au plus grand nombre. Cependant, il y aura une « mélodie », un « air », un substrat qui sera plus ou moins en harmonie, ou en dissonance, avec les valeurs évangéliques.
En fait, lequel, laquelle, est le moins loin de l’Évangile que j’entends, dans ma Bible ou dans mon Eglise ? That is the question.
Cet article est publié conjointement dans « Construire ensemble » (Fédération des Églises évangéliques baptistes), « Pour la Vérité » (Union des Églises évangéliques libres) et « Christ seul ». Un auteur de chaque union d’église s’exprime chaque mois à tour de rôle. Témoignage d’unité…