L’édito : L’oeuf et le sablier

 Dans Christ Seul, Edito

Pour symboliser notre rapport au temps, Jean-Claude Guillebaud (« Le goût de l’avenir ») propose deux images. Le sablier représente le temps provenant du passé et s’écoulant vers l’avenir : les grains de sable passent d’une sphère à l’autre, « bulles » qui occupent l’essentiel de l’espace ; le présent est comme le goulot resserré du sablier. Selon cette conception du temps, le souvenir et le projet dominent le présent.

L’oeuf représente plutôt la manière dont nous voyons le temps aujourd’hui : les deux extrémités (passé et avenir) sont réduites à la portion congrue, alors que le centre (le présent) est bedonnant. On a troqué le sablier pour l’oeuf : « Le présent a pris toute la place ».

HYPERTROPHIE DU PRÉSENT

Faire mémoire semble dépassé ; apprendre du passé paraît une perte de… temps à l’heure où l’on veut aller vite et appliquer des recettes en cinq points. Pour beaucoup, l’avenir se résume à l’attente du prochain congé, du prochain voyage, du prochain divertissement. Le présent domine tout, un présent fait de bric et de broc. Ce qui est vrai des mentalités et des styles de vie se vérifie au niveau politique, comme le constatait le philosophe John Rawls : « Le politicien se préoccupe de la prochaine élection, l’homme d’État s’intéresse à la prochaine génération. »

Les chrétiens et les Églises risquent aussi de perdre de vue l’espérance bien comprise. C’est le cas lors d’obsèques davantage consacrées à l’évocation de la vie du défunt qu’à la prédication de l’espérance chrétienne. Peut-être est-ce par réaction il est vrai à une espérance dans l’au-delà uniquement perçue comme refuge, sans lien avec le présent…

LA JUSTE PLACE DU PRÉSENT

La rédaction de Christ Seul vous propose un numéro spécial consacré au thème de l’espérance. La plupart des rubriques sont maintenues, mais proposent des déclinaisons du thème général. Le lecteur s’apercevra qu’espérer un monde nouveau conduit à guetter ses signes aujourd’hui et surtout à s’engager pour l’anticiper, modestement mais délibérément, courageusement en tout cas.

L’espérance chrétienne repose sur un événement passé, la résurrection du Christ, signe du monde nouveau ; elle est tournée vers un avenir résolument neuf ; l’espérance cherche à traduire cet avenir au présent, face au désespoir, à l’apathie, à l’abrutissement consumériste. Le présent est précieux, lorsqu’il est alimenté par un tel passé et qu’il débouche vers pareil avenir. Le temps en forme de sablier.

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