Objectif: une église évangélique pour 10000 habitants

 Dans Christ Seul, Explorer


EglisesEvangeliquesFrance2Le Conseil national des évangéliques de France a pour objectif de parvenir à une Eglise évangélique pour 10 000 habitants. Entretien avec le porteur de cette vision d’implantation d’Eglises.

Christ Seul : Quelle est la proportion actuelle des Églises évangéliques en France par habitant ?

Daniel Liechti : Depuis 1970, près de 1 600 Églises locales ont été implantées en France. Ce qui porte leur nombre total en 2015 à 2 440, dont 2 184 en métropole, sans parler des lieux de réunions épisodiques et autres groupes d’étude biblique décentralisés. Une nouvelle Église locale naît tous les 10 jours, soit environ 35 nouvelles Églises supplémentaires par an. Malgré cette croissance intéressante, le taux de pénétration (nombre d’Églises par habitants) reste globalement faible : 1 Église évangélique pour 30 000 habitants en moyenne.

C.S. : En quoi est-ce important qu’il y ait davantage d’Églises évangéliques en France ?

D. L. : La meilleure méthode d’évangélisation pérenne est l’implantation de nouvelles Églises. Elle est avant tout l’expression du désir de rendre l’Évangile partout visible, concret et accessible aux non-croyants. Car on le sait : c’est par la présence de croyants authentiques, fonctionnant localement comme un corps en Christ, que celui-ci devient palpable et compréhensible. Et on le sait aussi : la plupart des personnes qui se sont tournées récemment vers le Christ témoignent de l’importance qu’a eue pour elles un temps de cheminement au sein d’une Église. Il faut donc qu’il y ait des Églises partout.
Une solide préoccupation pour l’évangélisation et l’implantation d’Églises nouvelles n’est cependant pas qu’une réaction volontariste face aux besoins spirituels criants de notre pays. C’est l’expression normale d’une attitude spirituellement affermie, donc un aspect intrinsèque de la maturité.

C.S. : Pourquoi le chiffre de 10 000 et pas un autre chiffre ?

D. L. : Le ratio « 1 pour 10 000 », un peu schématique certes, peut être considéré comme un minimum pour garantir que chaque habitant de France croise sur son chemin une Église prête à l’accueillir. Les protestants évangéliques sont conscients de ne pas détenir le monopole de l’évangélisation, heureusement, mais ils veulent y prendre leur part avec conviction et zèle.
Cette cible a priori pertinente sur les plans missiologique et sociologique a l’avantage d’être claire, motivante et – à notre grande satisfaction – facteur d’unité de vision et d’élan opérationnel au sein du protestantisme évangélique.

C.S. : Ne faut-il pas plutôt soutenir les Églises en petit nombre qui risquent de disparaître, en particulier dans des régions moins attractives économiquement ?

D. L. : Il serait absurde de pousser à l’implantation de nouvelles Églises au détriment de la croissance des Églises existantes. Il faut développer le rayonnement spirituel de toutes les Églises en faveur de leur environnement, que celui-ci soit urbain ou rural, en adaptant les structures organisationnelles au contexte démographique et économique bien évidemment.
Il est ici éclairant de considérer que Dieu donne à l’Église une diversité de ministères pastoraux (cf. Eph 4.11-12). Pour une union d’Églises, il est primordial de reconnaître cette diversité et de la faire vivre concrètement. Tous n’ont pas la vocation d’implanteur. Mais il serait regrettable de ne pas permettre aux implanteurs à plein temps ou bi-vocationnels de lancer de nouveaux projets, parce que des Églises existantes ont ou auront besoin, légitimement, de pasteurs bergers ou enseignants par exemple.
Rappelons aussi qu’il y a potentiellement davantage de fruits dans les prochaines moissons que déjà stockés dans la grange. Les futures récoltes des nouvelles implantations viendront dans les années à venir enrichir aussi les Églises existantes. En effet, les nouvelles Églises susciteront en leur sein des nouveaux disciples et ministères et elles participeront ainsi au développement global à long terme. Ce défi de foi en action se vérifie depuis 2000 ans.

C.S. : Quelles sont les régions ou les zones où il faudrait davantage d’Églises évangéliques pour aller vers l’objectif retenu ?

D. L. : Les cartes1 disponibles indiquent que la répartition géographique des Églises reste encore très hétérogène. Des initiatives stratégiques visant en priorité des zones délaissées restent donc souhaitables. Mais il s’agit aussi de respecter des facteurs plus personnels et spirituels liés aux dons, liés à la sensibilité spirituelle et culturelle, à l’appel et aux opportunités de l’implanteur et de son équipe.
Au-delà de la recherche d’une bonne couverture territoriale selon des critères géographiques, il est dès à présent important d’implanter intentionnellement des Églises dans les zones où il y en a déjà, en faveur de nouvelles populations qui se trouvent dans les segments sociologiques peu ou pas touchés par l’Évangile.

C.S. : Etes-vous optimiste quant à l’objectif 1 pour 10 000 ? Quand peut-on espérer l’atteindre ?

D. L. : Optimiste n’est pas le mot… mais je suis très confiant et aussi volontariste. Dieu a donné à l’Église – réunie pendant quelques heures et dispersée dans le monde le reste de la semaine – un grand potentiel de croissance, car elle est le temple de l’Esprit.
Deux principaux défis se posent actuellement en matière d’implantation et de développement des Églises : premièrement, comment apporter aux non-croyants le message de l’Évangile de façon contextualisée et pertinente, dans leur réalité, afin que les Églises grandissent avec de nouveaux convertis et non par simple transfert de chrétiens ? Deuxièmement, comment passer d’une logique de (lente) addition à la logique de multiplication : multiplication de disciples, de ministères pastoraux selon la diversité des dons, multiplication de groupes et d’Églises ?
Nous invitons volontiers chaque Église locale existante à prier intentionnellement et à trouver en son sein, dans les cinq années à venir, au moins un homme ou une femme qui se laisseront former et envoyer pour devenir implanteurs ou équipiers dans une nouvelle implantation d’Église. Ainsi l’objectif de 1 pour 10 000 pourrait être atteint dans seulement 20 ou 30 ans.

NOTE

  1. Voir les cartes sur 1 pour 10000 ou le supplément cartographique et statistiques sur lecnef.org
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