Se réconcilier avec les «ennemis» au sein de la famille de foi

 Dans Christ Seul

Les mennonites ont souvent été plus à l’aise avec la division qu’avec l’unité, même entre eux. Quand leurs efforts pour être une Église fidèle se sont heurtés au rejet, à la persécution, voire à la mort de la part d’Églises alliées au pouvoir, les mennonites ont souvent considéré l’État ou les Églises majoritaires comme suspects et les ont parfois rejetés. La division, la séparation et la migration font partie intégrante de l’histoire anabaptiste-mennonite.

Nous pouvons donc être reconnaissants que, profondément enracinée dans notre tradition, se trouve la conviction que suivre Jésus, c’est rechercher la paix, aimer nos ennemis, pardonner et pratiquer la réconciliation. Au cours des dernières décennies, cela a conduit les mennonites à chercher à se rapprocher les uns des autres, malgré de sérieuses différences théologiques et éthiques, dont la Conférence Mennonite Mondiale est témoin depuis un siècle.

RECHERCHER LA PAIX

Mark Hanson, président de la Fédération Luthérienne Mondiale, et Danisa Ndlovu, président de la CMM, le 21 juillet 2010 à Stuttgart

Les mennonites ont aussi dialogué avec des Églises avec lesquelles les relations étaient tendues, voire brisées. En plus des innombrables expériences de collaboration dans la mission et le travail pour la paix, il y a eu des initiatives dénominationnelles pour la réconciliation, en particulier en Europe et en Amérique du Nord. Au niveau mondial, la CMM a dialogué pendant plusieurs années avec des catholiques, des luthériens et des adventistes du septième jour. Un dialogue trilatéral sur le baptême avec les catholiques et les luthériens vient de s’achever, et un nouveau dialogue commence avec la Communion Mondiale des Églises Réformées¹. La cérémonie luthéro-mennonite de confession et de pardon qui a eu lieu à Stuttgart le 21 juillet 2010, illustre de façon inoubliable la bénédiction de la réconciliation en Christ. Chacun de ces dialogues a été empreint de la volonté de comprendre, d’écouter, d’être honnête et humble dans sa présentation, d’exprimer des convictions profondes, d’avouer ses défaillances et ses blessures, de demander et offrir pardon et réconciliation.

VIVRE L’UNITÉ

Qu’est-ce qui a rendu cela possible? Premièrement, nous commençons à prendre conscience que nous ne sommes pas si différents des autres chrétiens. Deuxièmement, alors que les mennonites sont de plus en plus à l’aise dans le monde, les Églises qui jouissaient d’un statut et d’un pouvoir privilégiés se retrouvent de plus en plus en marge. Nous sommes donc impatients d’apprendre les uns des autres. Le plus important, cependant, c’est que les mennonites découvrent que l’unité de l’Esprit (Ephésiens 4), l’unité du Père et du Fils à laquelle Jésus nous invite (Jean 17), place la recherche de la réconciliation au cœur de la vie de disciple. La réconciliation est risquée. Tiendrons-nous nos engagements historiques alors que nous cherchons la réconciliation avec des chrétiens dont les convictions sont si différentes ? Sans aucun doute, le dialogue ouvre la porte au changement pour tous les participants. Nous ne pouvons franchir cette porte qu’avec la confiance en l’Esprit qui nous invite à l’unité du Christ. Animés par le seul Esprit, nous apprenons ainsi à marcher ensemble en tant que membres du seul corps du Christ.

Traduction : Salomé Haldemann

EN FRANCE, EN SUISSE…

C’est entre les mennonites et les luthériens français que le dialogue s’est engagé pour la première fois, au début des années 1980. Pierre Widmer a alors joué un rôle de premier plan. Un dossier de Christ Seul en retrace le cheminement². En novembre 2012, un culte commun à l’église SaintThomas de Strasbourg a réuni mennonites et luthériens français, pour célébrer le deuxième anniversaire de la réconciliation intervenue au plan mondial.

Les mennonites et réformés suisses ont engagé un dialogue de 2006 à 2009, dont les résultats ont été publiés dans un ouvrage intitulé Christ est notre paix (Berne, Éditions de la Fédération des Églises Protestantes de Suisse, 2009). Plusieurs cultes communs ont été célébrés. Le 20 avril 2019, une cérémonie de réconciliation entre les mennonites et le canton de Berne s’est déroulée à Tavannes.

D’autres démarches nationales ont eu lieu en Allemagne, aux Pays-Bas, ou encore aux États-Unis.

 

1 La liste des dialogues menés par la CMM est consultable sur son site internet : https://mwc-cmm.org/article/dialogue-inter-d%C3%A9nominationel?language=fr
2 Marc Lienhard, Pierre Widmer, Les entretiens luthéro-mennonites (1981-1984), Montbéliard, Éditions Mennonites, coll. Les Dossiers de Christ Seul, 1984.

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