Attendre avec Marie

AUX JOURS D’HÉRODE …

Seul l’évangéliste Luc situe la naissance de Jésus dans le temps. L’occupation romaine ravive, dans le cœur du peuple juif, l’attente du Messie qui doit rétablir le règne de David. Mais cette attente se vit de diverses manières. Pour les uns, il faudrait une pratique religieuse plus exigeante, pour d’autres se réfugier dans la mortification afin de regagner la faveur divine ou encore s’organiser pour chasser l’occupant par les armes. À moins de pactiser avec l’occupant et de s’accommoder de la situation ?

UNE JEUNE FILLE

Marie, une jeune fille habitant Nazareth, petit village insignifiant de Galilée, est fiancée à Joseph ; les évangiles ne disent rien de sa famille, sinon qu’elle est en parenté avec Élisabeth (Lc 1.36) qui, elle, descend de la famille d’Aaron. Matthieu donne par contre une généalogie détaillée de Joseph, un juif pieux, qui reçoit à plusieurs reprises la visite d’un ange du Seigneur (Mt 1.18-22).

BOULEVERSEMENT

Crédit photo : Devon Divine

Marie est seule, lorsque Gabriel, l’ange du Seigneur, vient la visiter avec cette annonce stupéfiante : « Voici tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus » (Lc 1.31). Elle pose une seule question : « Comment cela est-il possible, puisque je suis vierge ? » Elle accepte pourtant sa mission par une simple phrase : « Je suis la servante du Seigneur. Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit. » Étrange dialogue entre l’ange et la jeune fille ! Un bébé né par la vertu de l’Esprit Saint, une jeune fille prête à vivre son incroyable histoire, avec le risque d’être répudiée, voire lapidée, sachant que dans la tradition juive, un contrat de fiançailles vaut un engagement de mariage.

ENCOURAGEMENT

Luc parle du séjour de Marie chez sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean-Baptiste, et l’échange entre les femmes nous en dit un peu plus sur la manière dont Marie vit la situation. Pourquoi ce voyage ? La rencontre des deux femmes n’est pas une simple visite de courtoisie : Élisabeth, remplie de l’Esprit Saint, reconnaît en Marie la mère du Messie. C’est peut-être la première parole de réconfort adressée à Marie depuis la visite de l’ange. Une confirmation de ce qui va se passer, un encouragement venant d’une parente, d’une aînée. Imaginons les questions qui se bousculent dans sa tête, le poids du regard des voisins, de la solitude, le regard perplexe de Joseph.

JOIE !

C’est alors que jaillit le « Magnificat », un psaume de louange, une série d’affirmations qui vont bien au-delà de son destin personnel. Marie est transportée de joie, à cause de toutes les merveilles qu’elle découvre : Dieu a jeté son regard sur elle, il fait de grandes choses, sa compassion s’étend d’âge en âge, il renverse l’ordre établi au profit des humbles, des affamés, il secourt Israël… Tout est dit, l’Évangile est proclamé avant même la naissance de l’enfant ! C’est un cri de confiance en un Dieu de miséricorde, de justice, dont les promesses se réalisent toujours.

Remarquons que Marie n’invente rien, ce qu’elle dit, d’autres l’ont dit avant elle, elle s’approprie dans la confiance les paroles des croyants de l’ancienne Alliance. Marie, avec tout son peuple, attend le Messie annoncé par les prophètes, celui qui délivre son peuple et rétablit le règne de David.

EN ATTENDANT

Marie entreprend un voyage, sort de chez elle, se prépare à une rencontre qui sera décisive. Elle est loin de la jeune fille timide et passive qu’on a souvent représentée, c’est un modèle de foi enracinée dans une rencontre personnelle avec le Seigneur.

« Marie retenait toutes ces choses et y réfléchissait » (Luc 2.19). Comme elle, prenons le temps de méditer la signification de la venue du Sauveur. Souvenons-nous des merveilles de Dieu dans le passé et, comme elle, faisons confiance pour l’à-venir. En attendant de fêter la naissance du Sauveur, l’Église met à part quatre semaines pour revivre l’histoire et nous mettre à l’écoute des voix prophétiques qui appellent à la repentance et au changement de vie.

Que notre Avent soit tout à la fois attente, espérance, vigilance, dans le souvenir de ce que Dieu a accompli jusqu’à ce jour !