Jésus-Christ crucifié

C’est un symbole fort du renversement des valeurs opéré par l’Évangile : de tous les animaux qui peuplent les textes bibliques, ce n’est pas le lion qui est le roi. Non, la place sur le trône est destinée au plus doux, au plus frêle d’entre eux : l’agneau. Face au Mal qui nous emprisonne et nous asservit, la force du lion est vaine. L’innocence de l’agneau, seule, peut nous libérer.

Comme pour d’autres figures familières de la culture chrétienne, le risque existe de banaliser celle de l’agneau, de la réduire à une image pieuse ou à une obscure notion théologique. Celui que nous désigne Jean-Baptiste n’est pas un concept, mais une personne bien réelle : Jésus-Christ. Jésus-Christ crucifié. Le titre « Agneau » que lui donne aussi l’Apocalypse rappelle qu’il demeure à jamais l’ultime offrande de Dieu pour nous.

FACE À LA VIOLENCE

Comment être témoin de celui qui, pour nous, s’est fait Agneau, dans un monde marqué par la violence et la guerre ? Plusieurs articles de ce numéro évoquent la situation de chrétiens confrontés à des conflits armés, en Ukraine et en Colombie (p. 6), au Burkina Faso (p. 13), en République démocratique du Congo (p. 20). La plupart d’entre nous ont le privilège – exceptionnel au regard de l’histoire et de l’état du monde – de vivre dans un pays qui n’a pas connu la guerre sur son sol depuis 78 ans. Or, comme le dit César García (p. 6), il est préférable d’y réfléchir lorsqu’on n’est pas directement concerné. Le retour de la guerre en Europe et de la course aux armements nous y presse.

L’expérience de nos frères et soeurs qui ont choisi de construire la paix au coeur des conflits est une source d’enseignements incomparable. Aussi, au-delà des quelques pages de ce magazine, je ne peux que vous recommander la lecture du nouveau Dossier de Christ Seul : écrit par un artisan de paix congolais au parcours bouleversant, il est un témoignage vivant rendu à l’Agneau.