Un bâtisseur de paix congolais au cœur des guerres

 Dans Christ Seul

Le nouveau Dossier de Christ Seul présente le témoignage saisissant d’un homme qui a trouvé en Jésus-Christ les ressources pour surmonter de profonds traumatismes et vaincre sa propre violence.

Crédit photo : MCC Matthew Lester

La biographie est un genre largement oublié dans nos lectures… pour autant qu’on soit encore lecteur ! Celles consacrées aux grands hommes de foi du 20e siècle, missionnaires ou fondateurs d’œuvres remarquables, ont pourtant largement inspiré nos aînés.

Le parcours de vie relaté dans ce Dossier est de la même veine, où se conjuguent miracles et obéissance fidèle. D’un certain point de vue, ce récit incroyable rejoint le devenir de nombreux migrants qui survivent à d’innombrables épreuves. Mais celui de Mulanda présente plusieurs aspects qui sont autant de raisons pour vous de le lire :

• Il se déroule en bonne part en République démocratique du Congo, une région du monde mal connue, de longue date au cœur d’un enjeu crucial pour notre civilisation moderne : le pillage des ressources convoitées et ses conséquences.

• Il met en lumière le rôle-clé du Comité central mennonite (MCC) dans le soutien aux artisans de paix, dans cette région secouée du monde comme dans d’autres.

• Il conjugue une histoire de fidélité personnelle avec l’Histoire avec un grand H, la géopolitique d’une région ; dans ce sens, il rejoint les récits des prophètes qui invitent à la fidélité à l’Alliance au milieu de conflits entre nations, même quand la sanction est l’exil. Mulanda, un prophète de notre temps !

• Il illustre de manière démonstrative la puissance de la non-violence active qui reste un concept assez théorique tant qu’elle anime les discussions de salon, sans incarnation.

• Enfin, il met également en lumière le rôle-clé des femmes dans la survie en période de conflit.

Après cette lecture qui vous captivera, vous trouverez certainement d’autres raisons de l’offrir à vos amis et de discuter avec eux les exemples qui vous inspirent.

 

EXTRAIT

« En octobre 1996 éclate la première guerre dite « Songambele¹». Les rebelles exécutent sommairement à l’arme lourde et bombardent les militaires du gouvernement, mais aussi les civils qui fuient sur les routes. Autour de moi, je vois tomber les gens sous les balles et les bombes. Je réussis à fuir, terrorisé, à travers les plantations de caféiers, vers le lac, avec à la main un enfant que j’ai trouvé effondré devant ses frères et sœurs morts. Les eaux du lac Tanganyika sont rougies du sang des nombreuses victimes. À la faveur de la nuit, j’emmène l’enfant à sa famille, puis récupère mon diplôme d’État. J’embarque dans une pirogue avec mes oncles et mon grand frère Kabamba Lwamba. Alors qu’elle manque de chavirer sous le poids des 13 personnes, nous jetons par-dessus bord tous nos effets personnels. Je sauve mon diplôme en le froissant dans ma poche. Nous accostons finalement sur la péninsule d’Ubwari en RDC, encore exempte de rebelles, et nous y installons dans l’espoir de revenir à Mboko. Deux semaines après, apprenant leur avance, nous sommes à nouveau obligés de fuir vers un camp de réfugiés en Tanzanie où les conditions de vie sont très précaires : peu de nourriture et beaucoup de maladies. Plusieurs d’entre nous contractent le choléra ou le paludisme, mais nous nous relevons grâce aux soins des organismes humanitaires sur place. Au bout de sept mois, avec d’autres jeunes, je décide, mi-1997, de revenir en RDC² pour poursuivre mes études (…)

Après mon retour de Tanzanie, la perspective à long terme n’est guère plus réjouissante du fait de l’omniprésence de la guerre. En effet, les ressources naturelles abondantes de ma région d’origine sont devenues inaccessibles aux populations : plus de revenus liés au commerce du pétrole sur le lac Tanganyika, plus de moyens de subsistance du fait de l’infestation des champs par des mines antipersonnel, de surcroît cultivés d’ordinaire par les femmes, inquiétées par les viols et la violence, plus de revenus agricoles du fait du saccage de la forêt dense de Mkula et Elambe et du manque de pluie qui en résulte. Avec la guerre, je perds toute perspective pour ma vie et, désespéré, je décide, début 1998, de quitter mon pays, sans objectif. »

 

¹ Du nom du cri de guerre des rebelles en swahili : « En avant ».

² Le nom Zaïre du temps de Mobutu changera mi-1997 pour devenir la République démocratique du Congo, après l’échec de la médiation de Nelson Mandela entre le président Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila. Ce dernier prend la tête du pays.

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