L’aubergiste

D’année en année, les saynètes de Noël lui donnent le mauvais rôle. Il est celui qui tourne le dos, celui qui ferme la porte : la personnification de l’indifférence et de l’égoïsme. Mais l’aubergiste mérite-t-il vraiment cette mauvaise réputation ?

Il n’est pas Hérode : il n’a rien contre l’avènement d’un nouveau roi, pas de haine, pas de plan machiavélique, pas de sang sur les mains. L’aubergiste est un citoyen honnête, il travaille dur. Il est sans doute bien embêté de découvrir ce jeune couple sur le pas de sa porte, avec cette femme enceinte qui paraît si fatiguée… Mais, que voulez-vous, c’est complet. En cette période de recensement qui met tant de personnes sur les routes, il fallait réserver à l’avance, à quoi pensez-vous ? Pas de place, pas le temps, pas disponible. Avec son établissement rempli de voyageurs, l’aubergiste court du petit matin jusqu’à la nuit tombée pour faire tourner son affaire et répondre aux attentes de sa clientèle. D’ailleurs, c’est l’heure du service du soir, les clients sont déjà attablés, ils s’impatientent, ils appellent. Il doit y retourner.

A-t-il hésité ? Est-ce lui qui a indiqué à Joseph et Marie qu’il y avait une étable, un peu plus loin, où ils pourraient peut-être s’abriter ?

Le dos se tourne, la porte se referme. Marie et Joseph restent dans la rue, et l’aubergiste est passé à côté d’une rencontre incomparable.

L’histoire de l’aubergiste de Bethléem pourrait-elle être la nôtre ? Contraints par nos obligations, nos moyens, nos emplois du temps, découragés, peutêtre, devant les nombreuses situations de détresse auprès et au loin, nous pouvons être tentés de fermer notre porte, voire de fermer notre coeur. Au risque de passer à côté de riches bénédictions. Heureusement, notre histoire à nous n’a pas fini d’être écrite. Et si l’on changeait le cours de ce récit ? (cf. p. 10)

Cher aubergiste,  le Seigneur connaît ta difficulté, il ne t’accable pas.  Sauras-tu faire une place à celui qu’il t’envoie ?