Avons-nous besoin de la police ?

A cette question provocatrice, cet article et le suivant répondent « oui », dans le cadre des fonctions « normales » des autorités dans un monde déchu. Mais en mettant des limites à l’obéissance des chrétiens aux autorités et à l’usage de la force par la police… Réflexions en deux temps.

Dieu est à l’origine de toute autorité. Dans Rm 13,-7, les autorités incluent tous ceux qui exercent une autorité, depuis l’agent de police jusqu’au juge (mais pas l’armée). Elles sont au service de Dieu pour le bien commun. Le chrétien s’y soumet par motif de conscience – pas seulement par peur du gendarme. Parce qu’elles sont une institution voulue par Dieu pour maintenir un certain ordre dans un monde déchu, les autorités doivent bénéficier du respect et de la soumission de leurs citoyens.

PAS D’OBÉISSANCE ABSOLUE À L’ÉTAT

Cependant, l’autorité que détient l’Etat ne lui appartient pas en propre, elle est celle que Dieu lui donne. En plus, les autorités sont elles-mêmes marquées par le péché (Ap 13). Vouer une obéissance aveugle et absolue aux autorités est de l’idolâtrie. Les premiers chrétiens ont payé de leur vie le fait d’appeler Jésus le Seigneur, titre de l’empereur, d’obéir d’abord aux commandements de Jésus et ensuite à ceux de l’empereur. Christ est au-dessus de toute principauté et de toute autorité.
Les autorités ont une double mission (Rm 13,3-4) : d’une part récompenser et encourager le bien, et d’autre part punir et freiner le développement du mal, en livrant le malfaiteur à la justice. Le système juridique est un ensemble de lois destinées à répondre aux multiples formes du mal.
Mais les moyens dont disposent les autorités pour faire respecter les lois doivent faire l’objet de vigilance. On peut établir une distinction entre violence (incontrôlée) et la force (contrôlée). La protection de l’innocent et la punition du coupable nécessitent parfois l’usage de la force.

LA DÉONTOLOGIE DE LA POLICE

C’est là qu’intervient la déontologie de la police nationale, décret du 18 mars 1986. Cette déontologie établit des consignes pour ne faire usage de la force qu’en cas de nécessité et proportionnée à la mission à remplir (force contrôlée). La déontologie de la police nationale exige que les policiers donnent l’exemple, qu’ils fassent preuve d’un comportement exemplaire même en dehors de la profession, qu’ils soient intègres, impartiaux, désintéressés, ne se départissant jamais de leur dignité, sans négliger pour autant les aspects humains, tout en ne laissant pas les sentiments prendre le pas sur la raison.
Cette déontologie encadre l’usage de la contrainte par les forces de police et distingue forces de police et puissance militaire.
Ces critères ressemblent pour certains à ceux que donne l’apôtre Paul pour les serviteurs de l’Eglise : maîtrise de soi, discipline personnelle, intégrité, engagement au service du bien, comportement exemplaire.
A croire que le métier de policier est un métier que les chrétiens devraient choisir en priorité, mais….