Devenir ou rester chrétien aujourd’hui

Le CeFoR Bienenberg a organisé un symposium théologique du 13 au 15 juin, avec Alan Kreider, professeur d’histoire de l’Église et de missiologie au séminaire mennonite à Elkhart aux USA. Échos d’une conférence stimulante, avec un orateur qui communique de l’enthousiasme pour l’Église et pour Jésus !

Dans la société actuelle, mondiale, aux religions multiples, devenir ou rester chrétien devient difficile. Alan Kreider propose une réflexion qui part de l’Église des premiers siècles.

L’ÉGLISE DES PREMIERS SIÈCLES

Sans « programme d’évangélisation, » ni lieux de culte attractifs, l’Église croît. La société accuse les chrétiens de tout, les persécute souvent. Or ceux-ci interpellent, car ils « vivent autrement. » Ils croient, prient, sont libérés. Ils ont un sens aigu de l’appartenance. Leur comportement fait contraste avec la société.
Les communautés sont réunies dans les maisons ; ce « vivre ensemble autrement » interpelle les voisins, qui interrogent et l’on répond par l’Évangile.
Les cultes, le samedi soir, édifient les chrétiens. Ils sont courts, intenses en communion fraternelle : prière fervente, mains et yeux ouverts ; baiser de paix qui exprime l’unité en Jésus- Christ ; repas du Seigneur pris ensemble ; courte prédication pour conformer sa vie à celle du Christ.
Être admis dans ces Églises est long (catéchèse de trois ans). C’est l’apprentissage de l’histoire du projet de Dieu, des textes bibliques, l’expérimentation de ce « vivre autrement, » et de ses raisons.
L’Église démontre cette réalité soulignée par Alan Kreider : vivre un changement de comportement provoque un changement de pensée !

ÉPOQUE DE LA CHRÉTIENTÉ

Vers la fin du IVe siècle commence l’époque de la chrétienté (Constantin et Théodose). Être chrétien devient intéressant, sinon obligatoire ; catéchèse et préparation au baptême s’estompent alors que les cultes plus rituels s’allongent. Le IVe siècle voit la naissance du culte d’évangélisation. Une réalité de la chrétienté : la foi quitte le domaine du comportement et devient une orthodoxie de pensée !

AUJOURD’HUI EN POST CHRÉTIENTÉ

1500 ans plus tard, il reste peu de place pour Dieu. La culture actuelle devient hostile à l’Évangile. Nous subissons une autre catéchèse : publicité, nouveaux médias. Les relations sociales se déstructurent ; crainte et peurs se répandent ; on se couvre d’assurances ! Il devient difficile d’être chrétien ou de le devenir ; l’Église est en recul, mais il y a une espérance : l’Église va de nouveau faire contraste avec la société ambiante.

ENSEIGNER LA VIE CHRÉTIENNE

Aujourd’hui, même chez les mennonites, des enseignements plus axés sur les idées que sur la réelle suivance du Christ, produisent ces fruits : il est facile d’appartenir à une Église mennonite, mais qui le veut encore ? Comme on n’est plus obligé d’être chrétien, pourquoi le devenir si les chrétiens sont comme tous les autres ? Que reste-t-il pour faire contraste avec la société ambiante ?
Alan Kreider formule douze suggestions pour une catéchèse et un baptême renouvelés (voir ci-contre).
Ces propositions font surgir cette alternative : soit l’appartenance précède le comportement ; le baptême est plus rapide (comme dans le Nouveau Testament) et suivi d’une telle catéchèse ; soit l’apprentissage de ce comportement précède l’appartenance. Il y a d’abord cette catéchèse d’expérimentation qui aboutit au baptême.
Alan Kreider privilégie la seconde approche, citant Tertullien : « On ne naît pas chrétien, on le devient. » Le principal témoignage est l’exemple de vie. La résolution d’être chrétien implique des risques et prépare à des périodes plus difficiles. Les Églises qui pratiquent cela ont des membres convaincus.

ÉGLISE ET CHRÉTIENS EN MISSION

L’Église est porteuse de l’activité de Dieu, la mission (Missio Dei). La mission est donc l’affaire de chaque chrétien par le contraste de sa vie dans son contexte. La Missio Dei n’est pas d’abord « l’Église qui envoie, » mais Dieu lui-même qui envoie chacun.
Alors à quoi sert encore l’Église ? L’Église n’est pas le but de Dieu qui reste le shalom ! L’Église est porteuse de ce shalom, mais elle ne l’est pas ! L’Église a pour rôle d’équiper ses membres pour qu’ils vivent ce shalom !
Dieu agit et collabore avec les êtres humains qui incarnent cette Missio Dei. Aux chrétiens d’adopter des choix de vie conformes à ceux de Jésus-Christ. Les questions viendront : « Pourquoi faistu cela ? » Ils répondront de leur foi. Dieu agit avec puissance. A l’Église d’équiper correctement ses membres par un culte qui soude la communauté. Dieu y est pleinement présent !

12 PROPOSITIONS POUR LA CATÉCHÈSE
1. Assez longue (12 à 18 mois) pour apprendre à vivre autrement
2. Présente l’histoire biblique
3. Entre un mentor et le candidat au baptême
4. Libère des dépendances : prière, foi, exorcisme
5. Pratique : le candidat effectue des services pratiques ou sociaux
6. Fait mémoriser des versets, prières et chants : utiles en temps de crise !
7. Fait réfléchir à la manière de vivre aujourd’hui comme chrétien
8. Permet au candidat de se connaître lui-même pour parler de sa foi
9. Inclut la prière pour le candidat qui apprend à prier
10. Enseigne la signification des actes de l’Église : repas du Seigneur, baptême, pardon, culte…
11. Permet au candidat de vivre la présence de Dieu avec son accompagnant et d’apprendre à en témoigner.
12. Aboutit à une cérémonie de baptême mémorable, parce que Dieu oeuvre durant ce culte.