La réconciliation est notre mission

Le discours d’envoi de Pennsylvania 2015 (8 500 mennonites du monde entier réunis à Harrisburg du 21 au 26 juillet 2015) a été prononcé par Nelson Kraybil, pasteur d’une Eglise mennonite à Elkhart (USA), et nouveau président de la Conférence mennonite mondiale.
Extraits.

Je me tiens devant vous avec deux symboles représentant la puissance de Dieu pour changer le monde. Le premier symbole est la croix – la stratégie de Dieu face au mal. Le second symbole est le shofar – la trompette juive traditionnelle qui représente souvent dans la Bible la proclamation de la Parole de Dieu
Au mont Sinaï, « il y eut du tonnerre et des éclairs… et un fort son de trompe ; tout le peuple qui était dans le camp se mit à trembler. » (Ex 19.16). La Parole de Dieu est une instruction pour l’humanité !
L’année du Jubilé commence au son du shofar (Lv 25). La Parole de Dieu annonce la justice économique !
Au son du shofar, les morts en Christ ressusciteront, et nous serons enlevés à la rencontre de notre Dieu. La Parole de Dieu apporte la vie éternelle !

UN SIGNAL CLAIR

Notre défi en tant que mennonites est d’être sûrs que notre trompette proclame la Parole de Dieu. Dans 1 Corinthiens (14.8), l’apôtre Paul dit : « Si la trompette rend un son incertain, qui se préparera à la bataille ? »
Au moment où les mennonites quittent ce Rassemblement, nous sommes confrontés à la violence et au racisme, à l’avidité des empires, aux nationalismes idolâtres, à tout ce qui divise et détruit la famille humaine.
Nous allons dans un monde qui détruit la création de Dieu – y compris le corps et l’esprit des hommes par la pornographie et l’abus de stupéfiants.
Le signal clair que Dieu appelle les mennonites à donner dans ce monde brisé se trouve dans la première phrase des Convictions communes de la Conférence mennonite mondiale : « Nous cherchons à vivre et à proclamer la bonne nouvelle de la réconciliation en Jésus-Christ. » Et l’apôtre Paul dit : « Nous croyons qu’en Christ, Dieu a réconcilié le monde avec lui…, en mettant en nous la parole de la réconciliation… Nous sommes donc ambassadeurs pour le Christ. » (2 Co 5.20)

LE MIROIR DES MARTYRS

Je tiens dans mes mains un Miroir des martyrs, un livre datant de 1660 contenant des centaines de lettres, de procès-verbaux de tribunaux des premiers anabaptistes d’Europe morts pour leur foi entre les mains des gouvernements et des églises d’état.
Mille fois, dans ces pages, nos prédécesseurs spirituels citent l’écriture – qu’ils connaissaient par coeur – et donnent un signal clair disant que connaître le Christ est meilleur que la vie elle-même.
Ici à Harrisburg, vous avez pu lire un livre dans lequel des anabaptistes d’aujourd’hui écrivent des témoignages actuels vécus dans la souffrance. De nouveaux chapitres du Miroir des martyrs sont écrits par des personnes rassemblées en ce lieu, par des personnes de nos églises qui risquent leur vie pour la réconciliation.
Les mennonites à travers le monde partagent la conviction que la croix et la résurrection de Jésus-Christ sont le modèle de notre engagement dans le monde.
Dans trop de sociétés, ceux qui veulent changer le monde sonnent de la trompette et prennent une épée.
Les mennonites sonnent de la trompette et prennent la croix – ils suivent Jésus dans l’amour souffrant même pour leur ennemis, ils travaillent au projet de Dieu pour apporter la guérison aux nations.

MON ESPOIR POUR LA CMM

Mon espoir pour la Conférence mennonite mondiale (CMM) est que – face à un monde qui nous regarde – nous puissions exprimer des mots de réconciliation à Dieu par Jésus-Christ et mettre en œuvre l’amour souffrant en gestes de réconciliation avec nos voisins et nos ennemis.
Si les mennonites se concentrent seulement sur une bonne communion, nous deviendrons un club.
Si nous ne faisons que célébrer l’histoire anabaptiste, nous ne regardons pas à l’avenir de Dieu.
Si nous ne faisons qu’utiliser des techniques pour faire la paix, nous perdons le pouvoir de la résurrection.
Si nous faisons de la croissance numérique de l’église une fin en soi, nous deviendrons de simples marchands de la religion.
Si nous n’allons jamais au-delà de l’euphorie de la louange, nous cessons d’être sel et lumière.
« Si la trompette rend un son indistinct, qui sera prêt pour la bataille ? »
Le son clair que nous donnons au monde est que Dieu s’est révélé lui-même en Jésus-Christ, que Jésus est vivant, que nous « marchons avec Dieu », que l’Esprit Saint nous rend capables de prendre notre croix et de suivre Jésus.
Nous sommes les ambassadeurs pour Christ ; Dieu nous a confié la tâche de la réconciliation.
Nous vivons dans l’espérance magnifique de la nouvelle création que Dieu a déjà commencée.
Pour être ces personnes radicales dans le monde, la CMM a besoin :
– de réseaux de prière, spécialement pour ceux de nos églises qui sont en prison ou exposés à la persécution ;
– de littérature partagée, des ressources et de la théologie pour le témoignage anabaptiste de réconciliation ;
– d’ambassadeurs qui dialoguent avec d’autres dénominations chrétiennes et religions du monde pour trouver une base commune ;
– de porte-paroles qui nomment les injustices causées par l’avidité, l’impérialisme et les conflits tribaux ;
– de rassemblements comme celui-ci – Pennsylvania 2015, Indonésie 2021 – où nous nous rencontrons face à face comme l’église en Actes 15 ;
– de la puissance du Saint-Esprit, d’un enracinement profond dans les écritures et d’une espérance ferme que la Nouvelle Jérusalem – une société juste, centrée sur l’Agneau immolé – est l’œuvre de Dieu, non la nôtre.
Viens, Seigneur Jésus !

Traduction : Louise Nussbaumer
Crédit photo : Merle Good – MWC